[27/11/2007 19:02:44] BERLIN (AFP) Le taux d’inflation s’est établi à 3% en Allemagne en novembre, un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis plus de 13 ans dans la première économie européenne et qui a de quoi effrayer, à l’heure où la croissance montre des signes de fléchissement. Le chiffre de 3% marque d’autant plus les esprits que les hausses de prix touchent les Allemands là où cela fait mal, l’alimentation et l’énergie, à savoir, alors que l’hiver s’installe, le chauffage, et les carburants. L’Allemagne ne diffère en cela pas des autres pays européens: partout la demande des pays émergents en laitages et en céréales a fait exploser le coût de l’alimentation, et la hausse du cours du pétrole tire les prix de l’énergie vers le haut. Mais sur fond de valse généralisée des étiquettes, l’Allemagne peut se targuer d’une triste première: aucun des grands pays de la zone euro n’avait encore fait état ces derniers temps d’une inflation à 3%. Les analystes attendaient d’ailleurs 2,8% seulement, d’après le consensus établi par l’agence financière Thomson Financial News. En Hesse (ouest de l’Allemagne), le beurre était 48% plus cher ce mois-ci que l’an dernier à la même époque et le fuel 26%, tandis que la laitue saxonne coûtait 74% de plus, pour ne citer que quelques-uns des chiffres diffusés mardi par les offices statistiques régionaux. Pas étonnant au vu de ces hausses de prix que les commerçants allemands fassent grise mine. Alors que l’indice Ifo du moral des patrons pour novembre, publié lui aussi mardi, a affiché une petite remontée, le secteur du commerce de détail était pessimiste sur ses perspectives, à l’approche de la période de Noël pourtant cruciale. Les Allemands sont plus connus pour leur amour de l’épargne que des emplettes, et l’inflation, réelle et ressentie, ne va pas arranger les choses. Une étude du cabinet de conseil Mercer publiée lundi montrait en outre que les salaires allemands évoluaient moins vite que dans la plupart des autres pays d’Europe de l’Ouest. Ce qui, au vu d’une inflation en hausse, se traduira dans les mois à venir par un problème de pouvoir d’achat. Ou, à l’inverse, par un effet de rattrapage des salaires prompt à stimuler encore plus l’inflation. C’est le fameux scénario des “effets secondaires” tant redouté par la Banque centrale européenne. La hausse inattendue du baromètre Ifo et le chiffre de l’inflation “apportent de l’eau au moulin des faucons de la Banque centrale européenne”, notait ainsi mardi Matthias Rubisch de Commerzbank. La BCE, pour qui l’inflation idéale ne doit pas dépasser 2% sur le moyen terme, risque de franchement s’inquiéter du chiffre allemand de novembre. Pour autant, “l’accélération de l’inflation allemande est insuffisante pour pousser la BCE à augmenter ses taux, car dans le même temps, les perspectives économiques se détériorent et la situation est tendue sur les marchés financiers”, analyse Sylvain Broyer, économiste de Ixis-CIB, dans une note. Par ailleurs, “le niveau actuel de l’euro ne laisse aucune marge à la BCE pour monter ses taux. Un discours dur va certainement leur servir de substitut à une véritable action”, indique Martin Lueck, analyste de la banque UBS. Berlin, qui vantait jusqu’à maintenant la santé de l’économie allemande, a reconnu lundi que sa prévision de croissance pour 2008, pour l’instant de 2%, pourrait être revue à la baisse, euro fort oblige. Mardi, c’est le ministre des Finances Peer Steinbrück qui a admis que les perspectives économiques s’étaient assombries. |
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