Céréales : l’UE va suspendre ses droits de douane face à la hausse des prix

 
 
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Des agriculteurs travaillent le 18 juillet 2007 à Audrieu près d’une parcelle en jachère (Photo : Mychele Daniau)

[27/11/2007 18:35:23] BRUXELLES (AFP) Les pays européens s’apprêtent à suspendre pour un an leurs droits de douanes sur les importations de céréales afin de permettre un meilleur approvisionnement de l’Europe, après une mauvaise récolte, et de faire face à la flambée des prix des produits de base.

“Le consensus est unanime” et la mesure “sera adoptée”, a déclaré mardi à la presse le ministre portugais de l’Agriculture Jaime Silva, dont le pays préside l’Union européenne, après une réunion sur le sujet avec ses collègues européens à Bruxelles.

Cette mesure, dont les détails techniques doivent encore être réglés dans les prochains jours au niveau des experts avant qu’elle ne soit formellement entérinée mi-décembre, se veut une réponse à l’envolée des prix des matières premières agricoles dans le monde.

Leur progression se répercute sur les tarifs des produits de base comme le pain, les pâtes ou le lait puisque le bétail est nourri largement à base de céréales, comme l’orge fourragère ou le maïs.

La hausse des prix s’explique par une forte augmentation de la demande, notamment dans les pays émergents comme la Chine ou l’Inde où les habitudes alimentaires changent avec le développement économique, ainsi que par de mauvaises conditions climatiques (sécheresse en Australie, été pluvieux en Europe).

Le tarif du blé a pratiquement doublé en un an passant de 179 euros la tonne à près de 300 euros la tonne. Traditionnellement exportatrice nette de céréales, l’UE est devenue importatrice nette en 2007/2008.

Dans un premier temps, la France, première puissance agricole de l’UE, était réticente à une suspension des droits de douane, craignant qu’il soit difficile ensuite de justifier leur rétablissement.

Même si la protection tarifaire aux frontières européennes reste faible pour les céréales, elle est hautement symbolique. Les droits de douane permettent depuis la naissance de la politique agricole commune de protéger les agriculteurs européens de la concurrence étrangère et des importations à bas prix.

La décision de levée de ces droits intervient de surcroît dans le contexte politique sensible des négociations du cycle dit de “Doha” au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), visant à libéraliser les échanges mondiaux.

L’UE et les Etats-Unis y sont sous pression pour abaisser leurs barrières douanières dans le secteur agricole afin de permettre aux économies émergentes et en développement d’y vendre plus facilement leurs produits.

Mais le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier a finalement accepté la levée de ces droits mardi, en soulignant qu’il s’agissait d’une mesure “temporaire” valable pour la seule campagne de commercialisation en cours, qui s’achèvera le 30 juin 2008, a précisé à l’AFP M. Silva.

La suspension n’est en outre pas valable pour l’avoine qui bénéfice de droits élevés (89 euros par tonne de droits).

Cela va “faciliter les importations dans l’Union européenne de céréales en provenance de pays tiers et réduire les tensions sur les marchés européens”, avait estimé lundi la commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, en proposant formellement cette suspension.

Celle-ci s’ajoute à d’autres décisions de l’UE pour répondre à la hausse de la demande agricole, comme la levée, pour un an également, de la jachère.

Dans des propositions qu’elles vient de dévoiler pour remettre à plat la politique agricole commune, la Commission suggère même d’y mettre fin définitivement fin.

Elle envisage également d’éliminer progressivement les quotas laitiers, qui restreignent la production, d’ici à leur expiration programmée à l’horizon 2015.

 27/11/2007 18:35:23 – © 2007 AFP