[28/11/2007 13:48:48] FRANCFORT (AFP) La poussée plus forte que prévu de la masse monétaire et des crédits en octobre est venue mercredi grossir le rang des mauvaises nouvelles pour l’inflation de la zone euro, de quoi inquiéter encore davantage la Banque centrale européenne (BCE). La masse monétaire M3, un indicateur avancé d’inflation, a fait un bond surprise en octobre, affichant un taux de croissance de 12,3% sur un an, après 11,3% le mois d’avant, selon les chiffres publiés par la BCE. Les économistes s’attendaient certes à une accélération, mais pas aussi marquée. Cet agrégat, même s’il a au fil des années perdu de sa fiabilité pour mesurer les risques d’emballement des prix à venir, reste l’un des indicateurs clés utilisés par la BCE pour définir sa politique monétaire. Les crédits au secteur privé sont aussi un outil privilégié par l’institut monétaire. Et ces derniers ont accéléré leur croissance, à 11,2% en octobre, contre 11% en septembre et +10,9% attendus par les économistes de l’agence financière Thomson Financial News. “Les chiffres de la masse monétaire de la zone euro en octobre ne vont pas contribuer à apaiser les inquiétudes de la BCE, après la forte montée de l’inflation en Allemagne”, a réagi Jonathan Loynes de Capital Economics. En novembre, les prix à la consommation ont grimpé de 3% dans la première économie de la zone euro, selon des données provisoires. Ce taux, le plus élevé depuis 1994, s’explique par la flambée des prix de l’alimentation et de l’énergie, avait indiqué l’Office fédéral des statistiques mardi. La BCE, dont la mission première est de défendre la stabilité des prix, n’a pas la tâche facile actuellement. Son vice-président Lucas Papademos avait résumé le dilemme vendredi dernier, en déclarant qu’elle traversait une période “inconfortable” mais “provisoire” marquée par une inflation élevée et un ralentissement de la croissance économique. Selon les économistes, la poussée de M3 en octobre porte probablement les stigmates de la crise financière. Les banques sont nerveuses, ont des difficultés à se refinancer sur le marché monétaire, et préfèrent investir dans des placements à court terme sûrs pour avoir des liquidités auxquelles elles peuvent rapidement accéder si besoin. Ces ajustements de portefeuille, marqués par des transferts d’argent placé à long terme dans des produits à court terme, devraient être “temporaires”, estime Sylvain Broyer d’Ixis-Cib. Et le chiffre du jour ne devrait pas avoir d’influence sur la position actuelle de la politique monétaire qui consiste à attendre un retour au calme des marchés avant de décider de la marche à suivre. “Comme les tensions sur le marché monétaire ont encore augmenté, nous attendons des taux inchangés lors de la réunion du conseil du 6 décembre”, indique Michael Schubert, analyste à la Commerzbank. Le principal taux directeur de la zone euro est à 4%. La BCE a déjà remonté son taux à huit reprises depuis décembre 2005. Il était alors à 2%. Elle a renoncé à la neuvième hausse en septembre dernier, en raison des turbulences des marchés financiers dans le sillage de la débâcle du secteur des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis (“subprime”). Les économistes misent dans un premier temps sur un long statu quo sur les taux, et sont divisés pour la suite, certains jugeant que le prochain geste sera une baisse, d’autres continuant à miser sur un ou deux nouveaux tours de vis, comme Fabienne Riefer de la Postbank. M3 conjugué à l’inflation allemande “nous confortent dans nos attentes d’une poursuite des remontées de taux de la BCE en 2008”, indique cette dernière. Elle mise sur deux nouvelles hausses d’un quart de point aux deuxième et troisième trimestre. |
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