[28/11/2007 19:00:38] STUTTGART (AFP) Le constructeur allemand Porsche a réaffirmé haut et fort mercredi poursuivre une logique industrielle dans son projet de reprise de Volkswagen (VW), contre ceux qui l’accusent d’agir comme un fonds spéculatif obnubilé par l’argent. “Derrière notre engagement dans Volkswagen, il y a pour nous une logique industrielle, et rien d’autre”, a martelé le patron de Porsche, Wendelin Wiedeking, lors de la conférence de bilan du groupe à Stuttgart (sud-ouest). Porsche veut en effet préserver son partenariat avec le groupe de Wolfsburg (nord) pour leurs modèles respectifs de tout-terrains Cayenne et Touareg. Pour le père du bolide 911, ce modèle concentre à lui seul plus du tiers de ses ventes annuelles. Mais le problème actuellement, c’est que le constructeur le plus rentable au monde gagne plus d’argent en spéculant sur VW qu’en vendant des voitures. Ainsi, au cours de son exercice 2006/07 clos fin juillet, ses ventes sont restées quasi stables quand son bénéfice imposable a bondi de près de 180%! La recette miracle? La valorisation de sa participation de 31% dans VW et surtout des options d’achat qui lui ont rapporté près de 3,6 milliards d’euros. Il s’agit d’un produit financier disponible auprès des banques, à durée limitée, qui fixe à l’avance un cours pour l’action: si elle monte, l’acheteur empoche la différence; si elle baisse, il la compense. Or, depuis 2005 et la révélation des intentions de Porsche, le cours de VW est passé de 40 à 180 euros. Porsche utilise “ce qui est légalement possible et ce qui ne nous positionne pas seulement comme +porté pour le risque+, mais +très très porté pour le risque+”, s’est défendu le directeur financier Holger Härter. Pour les observateurs, ce sont des agissements dignes d’un fonds spéculatif et les débats vont bon train dans la presse sur la métamorphose de Porsche en “hedge fund”. Or le groupe avait aussi motivé son entrée au capital de VW par la volonté de le protéger d’un raid hostile d’un fonds spéculatif étranger susceptible de le démanteler. Sans aller aussi loin, les syndicalistes d’IG Metall et le comité d’entreprise de Volkswagen s’inquiètent des intentions de Porsche et craignent d’être sacrifiés sur l’autel d’une gestion purement financière. M. Wiedeking avait d’ailleurs prévenu qu’il n’y aurait plus de “vaches sacrées” chez Volkswagen, déclenchant une bataille toujours en cours avec les syndicats de VW. L’annnonce faite mercredi que les six membres du directoire de Porsche ont plus que doublé leurs salaires au cours de l’exercice 2006/07 pour atteindre la somme au total de 113 millions d’euros, ne devrait pas apaiser les esprits. “Ce monde n’est pas un bac à sable avec des enfants construisant des châteaux forts”, affirme M. Wiedeking. “Ce monde est une concurrence âpre qui (…) ne connaît que des gagnants et des perdants.” Et pour gagner, il est convaincu que VW et Porsche doivent s’allier. Il l’a répété mercredi: le souabe est prêt à prendre le contrôle de VW “à tout moment”. Il ne reste “plus qu’à appuyer sur le bouton”, alors que Porsche a déjà dépensé 5,8 milliards d’euros pour les 31% de VW. Simplement, a ajouté M. Wiedeking, “personne ne sait (…) combien de temps cela va durer avant que le jeu soit fini”. |
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