[29/11/2007 12:40:21] FRANCFORT (AFP) Le secteur bancaire allemand a dû voler une nouvelle fois au secours de son enfant malade, l’établissement IKB, dont l’avenir reste bien sombre alors qu’il ne parvient pas à se tirer au mauvais pas où l’a jeté la crise du “subprime”. Un consortium de banques est tombé d’accord sur un nouveau paquet d’aide à apporter à IKB, qui se débat depuis cet été dans la tourmente des prêts hypothécaires à risque américains. Il s’est dit prêt apporter 520 millions de dollars, soit environ 350 millions d’euros, au spécialiste du financement des petites et moyennes entreprises, à l’issue d’une réunion qui s’est tenue sous l’égide du président de la Bundesbank, Axel Weber et d’un représentant du gendarme de la Bourse allemand, le Bafin. Cette somme vise à couvrir des garanties fournies par IKB à d’autres investisseurs présents dans sa société “conduit” Rhineland Funding et qu’elle ne peut plus honorer. C’est Rhineland Funding qui a jeté IKB dans la tourmente à cause d’investissements risqués sur le marché du “subprime”. Cette décision ne s’est pas faite sans mal. Car les membres de ce pool, qui regroupe la banque publique KfW, bras financier de l’Etat allemand, des banques privées, des établissements mutualistes et des caisses d’épargne, rechignaient à remettre au pot après avoir déjà dû apporter cet été une aide massive à l’établissement de Düsseldorf (ouest) pour lui éviter la faillite. KfW avait accordé une ligne de crédit de 8,1 milliards d’euros. Le consortium de banques avait fourni 3,5 milliards d’euros supplémentaires, dont 2,5 milliards à la charge de KfW. Les membres du pool se sont finalement résolus à remettre la main à la poche alors que plane toujours la menace d’un effondrement d’IKB. Le conseil d’administration de KfW, son premier actionnaire avec quelque 38%, a examiné toutes les options possibles, “jusqu’à la fermeture”, rapportait le quotidien Süddeutsche Zeitung jeudi. Une source proche du dossier jointe par l’AFP jugeait toutefois cette hypothèse peu probable. Le conseil d’administration de KfW doit encore se réunir vendredi après-midi à Berlin pour parler du cas IKB. Le dossier intéresse aussi de près Bruxelles. La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes et le ministre des Finances allemand Peer Steinbrück sont en contact étroit sur ce dossier. Des inquiétudes pointent également concernant les conséquences de cette crise pour KfW, qui a annoncé cette semaine avoir vu ses provisions pour risque exploser à cause d’IKB. Elles sont passées de 2,3 milliards à 4,8 milliards d’euros. Peer Steinbrück s’est toutefois voulu rassurant. “Le contribuable n’aura pas à payer pour IKB”, a-t-il assuré dans une interview au Financial Times Deutschland. A la Bourse de Francfort, les investisseurs étaient soulagés. Le titre IKB prenait 5,59% à 8,50 euros à 11H36 GMT, sur un indice MDax en hausse de 0,53%, après avoir dégringolé lors des dernières séances. Pour autant, “la crise n’est pas finie”, avertissent les analystes de Merck Finck, qui n’excluent pas des pertes supplémentaires. IKB table pour son exercice décalé 2007/2008 (clos fin mars) sur une perte pouvant aller jusqu’à 700 millions d’euros. Jeudi, la banque a dû repousser à une date non précisée la publication de ses résultats du deuxième trimestre, prévue pour vendredi, à cause de la complexité de l’intégration dans son bilan de Rhineland Funding. IKB tente à présent d’assainir ses comptes en cédant des crédits à la banque postale Postbank. La presse allemande parle d’un volume pouvant aller jusqu’à 500 millions d’euros. |
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