[29/11/2007 18:00:31] PARIS (AFP) Le procureur de Paris a annoncé jeudi l’ouverture prochaine d’une information judiciaire sur les retraits en liquide suspects de l’UIMM, à l’issue des deux jours de garde de vue de son président démissionnaire, Denis Gautier-Sauvagnac. Le délégué général de l’Union des métiers et des industries de la métallurgie a quitté libre, jeudi en fin de matinée, les locaux de la brigade financière où il a été entendu en garde à vue, 48 heures durant, dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte le 25 septembre par le parquet de Paris. Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, a annoncé dans la journée qu’une information judiciaire serait “rapidement ouverte” dans ce dossier. “Nous verrons la suite de la procédure”, a simplement déclaré son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne. La chef comptable de l’UIMM, Dominique Renaud, également entendue pendant 48 heures par les policiers est également repartie libre des locaux de la brigade financière. “On ne fait pas de déferrement à l’issue d’une garde à vue, sauf quand on pense qu’il peut y avoir concertation entre co-auteurs et complices, ou pression sur les témoins, ou lorsqu’on envisage un placement sous mandat de dépôt ou un contrôle judiciaire, ce qui n’est pas le cas dans cette affaire”, a expliqué M. Marin. “J’ai demandé à récupérer le dossier très rapidement pour en faire une analyse factuelle et juridique avant de pouvoir saisir un juge d’instruction d’une qualification crédible”, a-t-il ajouté, en faisant état de difficultés pour qualifier certains faits qui se situeraient “au confins de l’éthique et du pénal”. “M. Gautier-Sauvagnac dénie tout caractère pénal aux faits qui lui sont reprochés. Il conteste avoir commis des actes de corruption, affirme avoir respecté l’objet social de l’UIMM et avoir contribué à un bon climat social”, a précisé le procureur en évoquant sa garde à vue. Dominique Renaud a rapporté de son côté comment elle retirait l’argent liquide de la banque, le plaçait dans un coffre de l’UIMM et le mettait ensuite dans des enveloppes, à la demande du délégué général. Elle a affirmé ne pas connaître les bénéficiaires de ces fonds à l’exception de certains membres de l’organisation patronale, dont des délégués régionaux, a rapporté le procureur. L’enquête du parquet a montré que des prélèvements d’espèces, d’un montant de 26 millions d’euros, avaient été faits entre 2000 et 2007 sur quatre comptes de l’organisation patronale et dans deux établissements bancaires. Les enquêteurs s’interrogent sur l’utilisation d’une partie de cette somme (environ 21 millions) et semblent privilégier la piste d’un financement syndical, selon des sources concordantes. Peu loquace, M. Gautier-Sauvagnac a réaffirmé devant les policiers que les bénéficiaires des retraits en liquide étaient “des organisations participant à la vie sociale de ce pays”, selon son avocat, Me Jean-Yves Le Borgne. Il a estimé que “l’intérêt général” lui imposait dans ces conditions de ne rien dire, a ajouté une source proche du dossier. L’analyse du délégué général de l’UIMM se fonde sur la loi Waldeck-Rousseau de 1884 qui dispense les organisations syndicales de publier leur compte pour préserver la liberté syndicale. Mais pour le parquet, les dispositions de cette loi de la IIIe République “ne donnent pas pour autant aux syndicats la possibilité de déroger à tous les textes d’ordre public votés par la suite”. Elle ne dit pas non plus que ces dirigeants peuvent déroger aux textes visant l’abus de confiance, a-t-on ajouté de même source. |
||
|