[30/11/2007 17:55:39] PARIS (AFP) La “monétisation” des RTT encouragée par Nicolas Sarkozy est en théorie bénéfique pour de nombreux salariés mais son impact réel sur le pouvoir d’achat des Français et la croissance reste incertain, selon des économistes interrogés vendredi par l’AFP. “Je propose la monétisation des RTT, c’est-à-dire que tous les salariés qui se mettent d’accord avec le chef d’entreprise puissent transformer les jours de RTT en argent. Ça représente 5 milliards de pouvoir d’achat en plus”, a déclaré le chef de l’Etat sur TF1 et France 2. Tous les économistes interrogés par l’AFP jugent cependant impossible d’évaluer l’ampleur de ce dispositif avant que les modalités précises en soient connues. Potentiellement, la mesure pourrait concerner une dizaine de millions de personnes qui sont passées aux 35 heures en 2003. En 2006, 35% des salariés du privé (environ 6 millions) ont bénéficié de RTT, au moins 14 jours dans l’année en moyenne, selon une statistique officielle obtenue par l’AFP. “Ca peut représenter une augmentation non négligeable pour le salarié qui en bénéficiera mais ça ne va pas non plus révolutionner le pouvoir d’achat”, note Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). “Ca permet de compléter les mesures prises cet été dans le cadre du +paquet fiscal+ et de les élargir”, avec l’avantage d’un “coût budgétaire nul” pour l’Etat, ajoute-t-il. La loi sur le paquet fiscal est évaluée par Bercy à 13,8 milliards d’euros en année pleine. “Je suis absolument ravi de cette mesure puisque je l’avais proposée”, avoue de son côté Robert Rochefort, économiste et sociologue au Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc). “C’est une bonne formule car elle correspond à un vrai engorgement dans beaucoup d’entreprises dans lesquelles les gens n’arrivent pas à prendre tous leurs jours de RTT”, estime-t-il. Mais il reconnaît que le dispositif exclut de fait ceux qui ne bénéficient pas des 35 heures et qu’il peut être difficile à mettre en oeuvre dans les sociétés où le dispositif est “bien huilé”. “Cela ne va concerner que les personnes qui ont déjà droit aux RTT, en premier lieu les cadres, qui sont peut-être les personnes qui ont le moins de problème de pouvoir d’achat”, renchérit Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi. “C’est bien pour la productivité – et donc pour la croissance – mais ça aura un effet un peu moins immédiat pour le pouvoir d’achat”, estime-t-il. “Evidemment, il faudra voir la façon dont c’est mis en oeuvre et éviter la complexité du dispositif sur les heures supplémentaires, mais c’est une mesure qui pourra avoir un impact, plus structurel que conjoncturel”, analyse M. Law. Robert Rochefort estime à l’inverse qu’il s’agit de “mesures de court terme psychologiques”. “Je pense qu’à la différence des heures supplémentaires, le paiement des jours de RTT présente plusieurs avantages: ça vise les cadres également, or on avait vraiment besoin d’une mesure à destination des classes moyennes”, dit M. Rochefort. “Ca va dans le sens de l’augmentation du temps de travail, par contre ça ne va pas être directement créateur d’emplois”, relève encore Mathieu Plane. Le dispositif peut avoir un “intérêt à la fois pour le salarié et l’entreprise, au détriment de ceux qui sont sans emploi”, prévient l’économiste de l’OFCE. |
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