L’inflation fait son retour au Japon

 
 
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Une Japonaise vérifie une liasse de billets, le 13 juillet 2006 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[30/11/2007 07:12:15] TOKYO (AFP) Le Japon a connu en octobre son premier taux d’inflation positif en dix mois en raison de la flambée du prix du pétrole, qui a compensé la chute des prix encore sévère dans plusieurs secteurs de l’économie, a annoncé vendredi le ministère des Affaires intérieures.

L’indice des prix à la consommation –hors produits périssables– a progressé de 0,1% en octobre par rapport au même mois de 2006, prenant par surprise la majorité des économistes qui s’attendaient à ce qu’il reste stable.

Ce premier taux d’inflation positif au Japon depuis décembre 2006 reflète la flambée des cours du pétrole brut, alors que le baril a frisé ces jours-ci les 100 dollars: en excluant les prix de l’énergie, les prix ont reculé en octobre de 0,3%, leur 22e mois de baisse d’affilée.

Les prix de l’essence ont augmenté de 3% sur un an, compensant la dégringolade des prix des produits électroniques grand public et des communications mobiles, deux secteurs où règne une concurrence féroce.

Les prix des appareils photos ont ainsi plongé de 29,2%, ceux des ordinateurs portables de 28,4% et ceux des téléviseurs de 17,1%. Les prix des communications ont pour leur part baissé de 2,2%.

Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities à Tokyo, souligne en outre que les entreprises japonaises n’ont pour le moment aucune raison de procéder à des augmentations de salaires, ce qui serait la façon la plus efficace d’instaurer une inflation durable dans le pays.

“La mauvaise nouvelle, c’est que la plupart des pressions à la hausse sur les prix semblent provenir des matières premières. L’espoir que de plus hauts salaires pousseront l’inflation vers le haut est réduit à néant par le relâchement de la tension sur le marché du travail”, écrit-il dans une note.

En octobre, le taux de chômage au Japon est resté stable à 4%, et la pénurie de main d’oeuvre que subit le pays depuis deux ans s’est nettement adoucie, avec 102 offres d’emplois pour 100 demandes, contre 105 offres en septembre.

“Le problème principal est que les entreprises demeurent relativement prudentes dans leurs politiques d’embauche. La situation sur le marché du travail n’est tout simplement pas assez tendue pour entraîner des augmentations de salaires”, commente M. Jerram.

Les neuf mois consécutifs de baisse des prix traversés par le Japon jusqu’en octobre ont fortement rappelé la déflation dans laquelle la deuxième économie mondiale est restée engluée entre 1998 et 2005.

La déflation est un phénomène pernicieux qui retarde les dépenses de consommation des ménages, décourage l’investissement des entreprises et cause de nombreux problèmes de surendettement et de faillites.

Toutefois, la Banque du Japon (BoJ) s’est refusée de parler de retour à la déflation, soulignant que la concurrence effrénée dans certains secteurs est la seule cause derrière la baisse des prix et que la valeur des actifs immobiliers a, au contraire, fermement redémarré depuis deux ans.

Fin octobre, la BoJ a même clairement affirmé son intention de relever dès que possible les taux d’intérêt au Japon, qui restent les plus bas du monde industrialisé (0,5%), “pour que l’économie japonaise prenne le chemin d’une croissance durable et de la stabilité des prix”.

L’actuelle volatilité des marchés rend toutefois improbable un resserrement monétaire avant l’automne 2008, estime Akira Maekawa, économiste chez UBS.

“L’inflation restera probablement positive en novembre, mais la principale préoccupation de la BoJ en ce moment est la stabilisation des marchés financiers mondiaux et le ralentissement économique aux Etats-Unis. L’inflation gonflée par les prix de l’énergie, même si elle perdure, ne sera pas un motif suffisant pour que la BoJ relève les taux”, prévoit-il.

 30/11/2007 07:12:15 – © 2007 AFP