Inde : la croissance économique a marqué le pas

 
 
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La Bourse de Bombay, le 9 novembre 2007 (Photo : Indranil Mukherjee)

[30/11/2007 16:12:14] NEW DELHI (AFP) L’économie indienne a marqué le pas au cours de l’été, avec un taux de croissance au 3e trimestre inférieur à 9%, à cause d’une baisse de régime de l’industrie, au moment où les autorités s’inquiètent d’un ralentissement de la consommation et de la flambée du pétrole.

Trimestre après trimestre, l’Inde conserve tout de même la deuxième croissance la plus forte au monde, derrière la Chine. Mais avec un taux de 8,9% sur un an entre juillet et septembre, la croissance de son PIB a ralenti, par rapport au 9,3% du trimestre précédent, selon des statistiques publiées vendredi.

Le ministre des Finances Palaniappan Chidambaram a cependant réaffirmé s’attendre à “une croissance proche de 9%” en 2007-2008 (achevée fin mars).

Ce léger essoufflement est à mettre sur le compte de l’industrie qui représente 28% du PIB. La production industrielle n’a crû que de 8,6% sur un an entre juillet et septembre et seulement de 6,4% en septembre, plombée par de mauvaises productions manufacturière et d’électricité.

Pour des analystes, ces contre-performances s’expliquent par des taux d’intérêt au plus haut depuis quatre ans.

La banque centrale maintient à 7,75% son principal taux directeur, au moment où la Bourse indienne fait face à un afflux de capitaux étrangers. L’institut monétaire craint en effet une relance de l’inflation actuellement au plus bas depuis cinq ans.

Handicapés par ce loyer de l’argent élevé, les services financiers ou immobiliers ont vu leur croissance marquer le pas cet été.

Du coup, les ventes de voitures ou de biens achetés à crédit par les dizaines de millions d’Indiens des classes moyennes ont baissé ces derniers mois.

Les exportations sont aussi sous pression, avec une roupie qui a pris 12% par rapport au dollar depuis le 1er janvier, au plus haut depuis dix ans.

“Comme l’impact des taux de change se fait sentir au bout de 12 ou 18 mois, nous resterons prudents jusqu’à la fin 2008”, a estimé Robert Prior-Wandesforde, de la banque HSBC à Singapour.

Reste que l’économie du géant asiatique, qui pèse 1.000 milliards de dollars, continue de croître grâce au secteur des services, surtout dans l’informatique qui a fait la renommée internationale de l’Inde.

Après des trimestres de morosité, le secteur agricole se redresse également, représentant 18% du PIB et faisant vivre les deux-tiers des 1,1 milliard d’Indiens.

Les autorités rêvent de propulser leur pays au troisième rang mondial en 2025 avec une croissance de plus de 10%, contre 9,4% en 2006-2007, la plus forte des 18 dernières années.

Mais après trois années d’euphorie et d’autosatisfaction, les élites politiques et économiques commencent à reconnaître que le manque criant d’infrastructures et la flambée des cours des matières premières et du pétrole, vont finir par freiner la croissance.

“Les prix du pétrole, de l’alimentation et des matières premières vont avoir des conséquences sur notre économie”, avait déclaré il y a quelques jours le ministre Chidambaram.

L’Inde importe en effet 70% de ses besoins en produits pétroliers.

Pour ses infrastructures routières, aéroportuaires, ferroviaires ou dans l’électricité, le gouvernement évalue à 450 milliards de dollars le montant des investissements indispensables au développement du pays et au maintien de son rythme de croissance.

Citant le cabinet McKinsey, le ministre des Finances avait prédit que l’Inde “serait le cinquième marché mondial de consommateurs d’ici à 2025, avec 583 millions d’Indiens des classes moyennes”. Pour l’instant, 830 millions de ses concitoyens vivent avec moins de deux dollars par jour, dont 300 millions avec moins d’un dollar quotidiennement, selon des chiffres officiels.

 30/11/2007 16:12:14 – © 2007 AFP