[30/11/2007 16:27:20] BRUXELLES (AFP) L’inflation en zone euro, alimentée par la flambée du prix du pétrole et des denrées alimentaires, a atteint 3% en novembre, son plus haut niveau depuis six ans et demi, une évolution qui suscite une inquiétude croissante en Europe. La hausse des prix dans les treize pays de la zone euro a bondi plus que prévu par les économistes, qui attendaient 2,8%, après 2,6% en octobre et 2,1% en septembre. C’est le plus fort taux d’inflation dans la zone euro depuis mai 2001, a précisé l’Office statistique européen Eurostat, qui a publié cette première estimation vendredi. Il est aussi largement supérieur à l’objectif de la Banque centrale européenne (BCE), pour qui les prix sont sous contrôle quand ils augmentent légèrement en dessous de 2% en moyenne. L’inflation “a été clairement poussée à la hausse par les prix élevés du pétrole, la hausse des prix des denrées alimentaires”, a souligné Howard Archer, économiste à l’institut Global Insight. Les prix des aliments et des carburants ont en effet nettement augmenté dans la zone euro au cours des derniers mois, provoquant l’accélération de la hausse générale de l’indice des prix. L’inflation en Allemagne et en Espagne a largement contribué au record atteint en zone euro. En Allemagne, les prix à la consommation ont grimpé de 3% en novembre, un chiffre qui n’avait pas été atteint depuis plus de treize ans dans la première économie européenne. En Espagne, l’inflation s’est établie à 4,1% sur un an, au plus haut depuis février 2006. Dans d’autres pays européens, l’inflation a également accéléré, à 2,4% en Italie ou 2,94% en Belgique. Le retour de l’inflation forte partout en Europe, après des années de hausse modeste, alimente l’inquiétude des consommateurs et des gouvernements. Selon une étude mensuelle de l’institut de recherche GfK publiée mercredi, la hausse des prix en Allemagne pèse de plus en plus sur les consommateurs, dont le moral ne cesse de se dégrader. “Il est clair que les consommateurs de la zone euro sont de plus en plus préoccupés par l’inflation”, a indiqué à l’AFP Howard Archer, ajoutant que “plus ils dépensent pour des biens comme l’essence, moins ils vont dépenser pour d’autres biens et pour Noël”. Du côté des syndicats, les inquiétudes sont également vives sur le pouvoir d’achat. La grande confédération syndicale allemande DGB juge “très probable que l’an prochain, la demande intérieure touche le fond”, a déclaré son chef économiste, Dierk Hirschel. Le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia a, quant à lui, mis en garde contre les risques inflationnistes, qui ont “clairement augmenté”. Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, elle a jugé que la BCE se devait de préserver la zone euro de tout risque inflationniste, estimant que l’inflation pénalise les petits épargnants et que “la stablité monétaire a traditionnellement une importance élevée en Europe”. Mais, alors que les risques inflationnistes nécessiteraient en temps normal une remontée des taux directeurs de la BCE, la Banque centrale se trouve face à un dilemme. Elle juge actuellement un resserrement du coût du crédit trop risqué pour la croissance économique, qui montre des signes d’essouflement. Nouveau signe de ce ralentissement, l’indice de confiance économique dans la zone euro, publié vendredi, a encore reculé en novembre. Si la plupart des économistes soulignent ce “dilemme” de la BCE, certains se veulent cependant rassurants concernant l’inflation, en estimant qu’elle ne devrait pas perdurer. Pour Cedric Thellier, économiste chez Natixis, elle “restera un phénomène transitoire”. |
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