France : inquiétudes sur l’investissement immobilier après les déclarations du président

 
 
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Un immeuble haussmanien à Paris, le 11 septembre 2006 (Photo : Fred Dufour)

[30/11/2007 17:35:09] PARIS (AFP) L’investissement immobilier pourrait souffrir des mesures annoncées par le président de la République pour les locataires, estiment les professionnels qui soulignent le risque de voir s’opérer des transferts de l’épargne au détriment du logement.

“La rentabilité de l’immobilier est fonction de l’indice de calcul des loyers”, explique à l’AFP Michel Mouillart, professeur d’économie à Nanterre Paris X. Or, les modalités de calcul de cet indice devraient changer à la suite des déclarations de Nicolas Sarkozy, pour faire ralentir la hausse des loyers, ce qui de facto fera perdre de la rentabilité aux investisseurs que sont les propriétaires-bailleurs.

L’indice de référence des loyers (IRL) instauré début 2006 par le gouvernement de Dominique de Villepin, prenait déjà en compte le coût de la vie. Remplaçant l’indice du coût de la construction (ICC), il est calculé à 60% sur les prix à la consommation (IPC), à 20% sur le coût de la construction (ICC) et à 20% sur les prix de l’entretien et de l’amélioration des bâtiments (IPEA).

Ces mesures risquent d’opérer “un transfert de l’épargne au détriment du logement”, avertit Michel Mouillart. “Tous les calculs de rentabilité vont être révisés à la baisse”, explique-t-il, ce qui n’aidera pas à la “mobilisation en faveur du logement”. Et, craint-il, “on n’arrivera pas à construire 500.000 logements neufs par an”, chiffre revendiqué par Nicolas Sarkozy pour résoudre la crise.

“Les mesures annoncées sont comme des alarmes contre les investisseurs”, s’inquiète pour sa part Serge Ivars, président de la Caisse nationale des administrateurs de biens (Cnab). Selon lui, ils vont être “découragés” d’investir dans l’immobilier. “Ne prenons pas des décisions qui risquent de les détourner de la pierre vers d’autres types d’épargne”, plaide-t-il.

En revanche, Henry Buzy-Cazaux, vice-président du groupe immobilier Tagerim, se veut plus optimiste. “Bien sûr”, reconnaît-il auprès de l’AFP, “il ne s’agit pas d’un +cadeau+ du gouvernement” qui fait appel à la “solidarité des propriétaires pour les locataires”.

Mais, ajoute-t-il, “cela ne me choque pas car il y a des contreparties” qui vont permettre de réduire les impayés et les rotations excessives, toujours très pénalisantes pour le propriétaire.

Jean Perrin, président de l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), s’emporte: “nous allons laisser tomber les locations, revendre nos biens immobiliers et acheter des actions EDF”. Ce sera “beaucoup plus rentable si l’on en juge le bénéfice du gouvernement” qui doit revendre 3% de sa participation dans le groupe électricien pour près de 5 milliards d’euros.

“On demande aux propriétaires privés de faire un effort pour les locataires”, résume M. Mouillart qui s’étonne que “la solidarité nationale en matière de logement soit transférée au privé”.

La France compte quelque 10 millions de logements locatifs, dont la moitié environ appartiennent à des personnes physiques, tandis que l’autre moitié est répartie entre 4,5 millions de logements sociaux et 500.000 appartenant à des personnes morales.

 30/11/2007 17:35:09 – © 2007 AFP