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[30/11/2007 21:58:24] NEW YORK (AFP) Motorola, en perte de vitesse sur le crucial marché des téléphones mobiles, a sacrifié vendredi son PDG, Ed Zander, qui incarnait pourtant la rupture lors de son arrivée à la tête du constructeur américain, il y a moins de quatre ans. Le premier équipementier télécoms américain, tombé du deuxième au troisième rang mondial dans les mobiles au profit du sud-coréen Samsung, a annoncé le départ de M. Zander au 1er janvier. L’annonce a été une surprise mais était saluée de manière unanime et sans grand ménagement par les analystes dont plusieurs prônaient le départ de M. Zander en raison de son “échec total” dans les mobiles. L’action Motorola a clôturé en hausse de 2,04% à 15,97 dollars à la Bourse de New York. Quant au remplacement de M. Zander par Greg Brown, l’actuel numéro un à l’opérationnel, il suscitait déjà des avis partagés. “Nommer Zander” était déjà “une erreur de la part de la direction de Motorola”, estime Ken Dulaney, du cabinet Gartner. “Tout le monde (au sein de la communauté financière) essayait de se débarrasser de lui mais il s’accrochait comme un vieux chewing-gum sur une semelle”, rapporte Douglas McIntyre, du site 24/7 Wall Street. L’investisseur milliardaire Carl Icahn – 3% du capital – a de son côté jugé “positif” le départ de M. Zander et en a profité pour relancer sa proposition d’un démantèlement de Motorola en quatre sociétés, afin d’isoler les mauvaises performances dans les téléphones portables. Ed Zander avait pourtant été choisi par la direction de Motorola en janvier 2004 à l’issue d’une sélection minutieuse où étaient en lice plusieurs candidats prestigieux, dont les dirigeants d’alors d’ATT, de Verizon et de Qwest Communication. Zander avait conquis la direction de Motorola pour succéder à Chris Galvin, mettant ainsi un terme au règne de la famille Galvin à la tête de Motorola pendant trois générations. Son passage par plusieurs firmes de la Silicon Valley, dont Data Systems, Apollo Computers et surtout Sun Microsystems, l’avait pourvu d’une réputation de manager énergique et réformateur. Sous sa houlette, le groupe a engagé un plan de restructuration visant à économiser un milliard de dollars, notamment via la suppression de 3.500 emplois. Mais pour l’analyste indépendant Ed Kagan, la restructuration pour laquelle M. Zander avait été nommé “n’a pas duré”. Au troisième trimestre, Motorola a vu fondre son bénéfice net à 60 millions de dollars contre 968 millions un an plus tôt. La cruciale division dans les téléphones portables est déficitaire et accuse une chute de 36% de ses ventes. Les problèmes de Motorola tiennent à des produits pas assez attractifs et à de mauvais choix dans les logiciels faisant fonctionner les mobiles. “Le déclin dans les mobiles a commencé il y a un an environ”, analyse M. Dulaney. A l’époque, l’investisseur Icahn avait commencé à plaider pour un démantèlement de Motorola. Mais selon M. Dulaney, un tel scénario “n’est pas souhaitable” pour le groupe. Numéro deux mondial du secteur depuis des années, Motorola ne détenait plus au 3e trimestre que 13,1% de parts de marché contre 20,7% un an plus tôt, selon les données de Gartner. Le finlandais Nokia avait 38,1% et Samsung 14,5%. “La grosse erreur de Zander a été de parier que le succès de la ligne des combinés +Razr+ suffirait. Ce n’était pas suffisant”, affirme Ed Kagan. Plusieurs analystes, à l’instar de M. Dulaney, jugent le Razr “pas bon” au niveau de sa facilité d’usage. “Zander ne comprenait pas le métier du mobile”, tranche cet analyste. “C’est à l’opposé de Nokia, qui a parfaitement compris que c’est une industrie de mode” et a fait “des choix logiciels plus solides.” Quant à Greg Brown, “donnons-lui six mois pour voir ce qu’il va faire”, ajoute M. Dulaney. L’analyste de 24/7 Wall Street est plus sceptique, car M. Brown “était le patron de l’exploitation, et il n’est clairement pas sorti du lot quand le groupe en avait besoin”. |
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