Journées de l’entreprise : le Maghreb s’interroge sur ses relations avec l’Asie
Journées de l’entreprise : le Maghreb s’interroge sur ses relations avec
l’Asie
Pour des économies émergentes, à
l’instar de celles des cinq pays (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie et
Libye), de l’Union du Maghreb Arabe (UMA),Uu la problématique de la
complémentarité et de la concurrence avec les autres est l’une des plus
importantes. Devenu au fil des ans, une sorte de «think tank » travaillant
principalement sur les conditions, les performances, et les difficultés de
l’économie tunisienne, et de plus en plus, sur ses relations avec celles des
pays voisins, l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprise (IACE), dirigé par
M.Chakib Nouira, s’est emparé de ce dossier. Après l’avoir «attaqué », en
2006, sous un angle maghrébo-maghrébin, il l’appréhende cette année, lors de
la 22ème session des Journées de l’Entreprise, dans le cadre des
relations du Maghreb avec l’Asie. Pour se demander, si notre région doit se
préparer à recueillir des opportunités ou, plutôt, à faire face à des défis,
découlant de l’expansion des pays asiatiques sur tous les marchés, y compris
le plus important pour nous : l’Union européenne.
Dans son allocution introductive,
M.Chakib Nouira s’est abstenu de se prononcer sur la question.
Mettant en exergue la «dure
concurrence » venant d’Asie, le président de l’IACE a noté que «l’ouverture
des économies asiatiques ouvrait des opportunités aux entreprises
maghrébines ». M.Mohamed Ghannouchi a lui aussi évité de diaboliser les
Asiatiques.
Toutefois, le premier ministre a
rappelé l’ampleur de la puissance économique et commerciale acquise par
l’Asie en soulignant le déferlement sur les marchés européens et américains
de produits asiatiques, jadis de qualité très moyenne, et aujourd’hui très
bons sur ce plan. Ce qui amène à se poser les questions que M.Ghannouchi n’a
pas cherché à éluder : «les intérêts de l’entreprise maghrébine sont-ils en
contradiction avec ceux des pays asiatiques ? Est-il possible de profiter du
développement de ces pays ? ».
«On doit à l’objectivité de dire
que les pays maghrébins ont tiré profit » de l’émergence économique des pays
asiatiques sur la scène internationale, estime M.Ghannouchi. Cela de trois
manières.
D’abord, nos pays ont pu obtenir
des équipements technologiquement modernes à des prix raisonnables. Ensuite,
énumère le premier ministre, «l’intérêt manifesté par les pays asiatiques
pour certains de nos appels d’offres nous a permis d’avoir des prix
intéressants ». Enfin, le développement asiatique a eu des retombées au
Maghreb à travers le partenariat noué entre entreprises maghrébines et
asiatiques.
Mais, tempère le premier
ministre, les pays maghrébins ont également souffert du jaillissement
économique de l’Asie sur la scène internationale, et plus particulièrement
en Europe. La concurrence asiatique, on le sait, a fait très mal à plusieurs
secteurs industriels, dont «le textile et le cuir et chaussures », rappelle
M.Ghannouchi. En somme, «la position des pays asiatiques s’est renforcée en
Europe au détriment de plusieurs pays, dont les nôtres », constate
l’orateur. Et même si, rappelle le premier ministre à titre d’exemple, «nos
exportations textiles vers l’Europe ont connu une reprise en 2007, en raison
des restrictions imposées par les autorités européennes », «la crainte
demeure pour les années à venir, en raison de la fin des restrictions
concertées sur les exportations chinoises, à partir du 1er
janvier 2008.
S’interrogeant sur la manière de
dissiper les craintes des pays maghrébins, de permettre à leurs entreprises
de sauvegarder leur place sur les marchés local et européen, et de profiter
du développement de l’Asie –qui a permis à la Chine et à l’Inde, par
exemple, d’enregistrer un taux de croissance respectivement de 10 et 8%-, le
premier ministre lance une mise en garde : «il serait erroné de croire que
le développement de l’Asie se fait au détriment de nos pays. C’est là une
vision sclérosée qui ne reflète pas la réalité et qu’il faut rectifier ».
Voici la lecture que propose M.Ghannouchi : «le développement de l’Asie
donne la possibilité aux pays qui, comme la Tunisie, ont ouvert leurs
économies et poussé leurs entreprises à améliorer leur productivité »,
d’avoir leur part du gâteau de la croissance mondiale. De plus, «le
durcissement de la concurrence incite à améliorer la production, à tenir
compte des besoins et exigences du consommateur, etc. »
Mais pour recueillir ces fruits
–indirects- du développement de l’Asie et du durcissement de la concurrence
pour les entreprises maghrébines, le premier ministre juge nécessaire «
d’améliorer notre compétitivité, de consacrer la culture de la qualité, du
travail, de l’initiative et de l’excellence, de bien exploiter nos avantages
comparatifs». Et le plus important des avantages est «notre proximité du plus
grand espace économique au monde, doté du plus grand pouvoir d’achat ».