Journées de l’entreprise – Lionel Vairon : «Il faut apprendre à mieux comprendre la Chine»
Journées de l’entreprise – Lionel Vairon : «Il faut apprendre à mieux
comprendre la Chine»
La Chine est un géant qui
représente une menace économique pour le monde. Largement répandue –en
particulier dans le discours médiatique et politique occidental-, cette
manière de percevoir l’empire du milieu est récusée par certains
académiciens et opérateurs économiques. M. Lionel Vairon, qui porte ces deux
casquettes, est un de ceux-là. Cet ancien diplomate français reconverti dans
le conseil –aux entreprises arabes et chinoises à la recherche d’un
partenariat-, constate que «certains propos concernant le développement
économique chinois sont revêtus de préjugés». La «menace chinoise» -et
indienne- est «une vision extrêmement superficielles» de ce qui se passe
dans ces deux pays, estime M. Vairon. Car, précise cet ancien journaliste
-qui a versé par la suite dans la diplomatie- «ces deux pays sont
extrêmement demandeurs dans différents domaines». Et la Chine, par exemple,
mène déjà des politiques tendant à faciliter le partenariat avec d’autres
pays.
S’insurgeant également contre
l’idée qu’il n’y a pas de «modèle chinois», M. Vairon indique que «réduire
ce modèle à un développement basé notamment sur la corruption et la
contrefaçon cache d’autre aspect d’une méthode chinoise». En particulier
celui d’une démarche «basée sur l’empirisme», c’est-à-dire «une succession
d’expériences, sans essayer de théoriser».
Rappelant que la Chine est la
seule puissance asiatique ayant une présence significative et une politique
en Méditerranée, M. Lionel Vairon avance quatre explications à cet état de
fait. L’auteur de «Défis chinois, introduction à une géopolitique chinoise»,
considère que la politique chinoise en direction des pays de la rive Sud de
la Méditerranée est mue d’abord par un souci de garantir sa sécurité
énergétique. Ensuite, ces pays intéressent l’«Empire du Milieu» en raison
des multiples accords de libre-échange conclus entre eux et, surtout,
plusieurs pays industrialisés et qui font d’eux un pont vers l’Union
européenne et les Etats-Unis. Mais des considérations diplomatiques amènent
également les Chinois à être plus présents dans cette partie du monde.
Enfin, le géant chinois accorde de l’importance à la région de par son
intérêt pour les nouvelles technologies et à la recherche scientifique qui
l’a amenée à nouer des rapports dans ce domaine avec Israël.
Donc, la «vraie question» pour M.
Vairon, n’est pas de savoir si la Chine est une menace ou pas, mais de se
demander «comment faire pour tirer profit de la dynamique chinoise et de ne
pas en faire les frais». Et pour cela, il faudrait ne pas négliger une
dimension -qui l’est trop souvent, constate l’ancien diplomate qui a été en
poste au Cambodge, en Thaïlande et en Irak- essentielle pour comprendre la
Chine et pouvoir réaliser des affaires avec elle : la culture. Ce qui
implique, en ce qui concerne le Maghreb, de «former la jeunesse maghrébine à
la langue chinoise».