Le Kazakhstan s’invite en force dans le gisement pétrolier de Kashagan

 
 
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Siège d’Eni à Milan (Photo : Paco Serinelli)

[02/12/2007 14:07:42] ALMATY (AFP) Le Kazakhstan a annoncé dimanche être proche d’un accord avec un consortium de compagnies occidentales pour accroître sensiblement sa part dans le projet pétrolier géant de Kashagan après quatre mois de conflit ouvert.

Le gouvernement kazakh est actuellement l’un des plus petits actionnaires du projet et ne fait pas mystère de sa détermination à mieux se faire entendre à l’avenir, d’autant qu’il conteste la façon dont le projet est actuellement conduit par les “majors” étrangères.

Il reproche ainsi au consortium dirigé par l’italien Eni le report de 2005 à 2010 de l’exploitation de ce gisement, qui constitue la plus grosse découverte pétrolière dans le pays depuis les années 1960, et le surcoût du projet, dont le budget est passé de 57 à 136 milliards de dollars.

“Tous les membres du consortium à l’exception d’un seul se sont mis d’accord sur le principe de la nécessité d’un transfert d’une partie de leurs intérêts dans le projet afin que la part de KMG (Kazmunaigas) soit au niveau des principaux actionnaires”, a annoncé dimanche un communiqué de Kazmunaigas, le géant kazakh des hydrocarbures, sans préciser lequel de ses 6 partenaires s’oppose au compromis.

Cette annonce intervient alors qu’un ultimatum du Kazakhstan pour une résolution de la dispute a expiré vendredi.

Actuellement Eni, le français Total, l’anglo-néerlandais Shell et l’américain ExxonMobil disposent chacun de 18,52% des parts du consortium. Suivent l’américain ConocoPhillips avec 9,26%, le japonais Inpex et Kazmunaigas avec chacun 8,33%.

Les négociations sur le “transfert des intérêts et le rôle accru dans les opérations de KMG” devraient être achevées d’ici au 20 décembre, a indiqué le groupe kazakh.

Le Kazakhstan a à plusieurs reprises indiqué souhaiter que Kazmunaigas codirige avec Eni le projet, et exige des compensations, pouvant atteindre plusieurs milliards de dollars, à la suite du surcoût et au retard de la mise en exploitation de Kashagan.

Le Kazakhstan compte sur les 13 milliards de réserves de brut du gisement pour tripler d’ici 2015 sa production pétrolière.

Eni explique ses déboires par les difficultés techniques rencontrées sur ce champ offshore, situé au nord de la Caspienne dans des eaux peu profondes et gelées la moitié de l’année, tandis que le brut lui-même contient un gaz toxique qui doit être extrait du pétrole.

Les autorités kazakhes jugent de leur côté que leur part de 10% dans les profits pétroliers qui seront générés par Kashagan est insuffisante et réclament une forte hausse.

“Il fut un temps où le Kazakhstan avait besoin d’investissements et a donc accordé de nombreuses déductions et préférences aux investisseurs étrangers”, notait samedi le secrétaire d’Etat kazakh, Kanat Saoudabaïev.

“Mais nous sommes aujourd’hui nous-même des investisseurs importants (…) et il est temps qu’il y ait une parité entre nos intérêts et ceux des partenaires étrangers”, a-t-il expliqué.

Pour s’assurer d’atteindre cet objectif, le Kazakhstan a ajouté une corde à son arc cet automne en adoptant une loi permettant au gouvernement d’annuler tout accord avec des compagnies étrangères sur l’exploitation de ressources naturelles si les intérêts économiques du pays n’étaient pas respectés.

Cette ex-république soviétique d’Asie centrale connaît, grâce à son pétrole, des taux de croissance flirtant avec 10% depuis près d’une décennie, et son ouverture économique en a fait jusqu’ici un exemple aux yeux de l’Occident.

Mais depuis cet été, Astana — la capitale du Kazakhstan — a haussé le ton contre les “majors” pétrolières occidentales. La justice kazakhe vient aussi de condamner à une forte amende une entreprise, détenue pour la moitié de son capital par l’américain Chevron, pour des atteintes à la législation sur l’environnement.

 02/12/2007 14:07:42 – © 2007 AFP