[02/12/2007 14:53:35] NEW YORK (AFP) L’un, issu des meilleures écoles, était “trader” dans une grosse banque new-yorkaise, l’autre s’était reconverti sur le tard dans l’immobilier: tous deux font aujourd’hui partie de ces milliers de salariés américains licenciés à la suite de la crise des crédits “subprimes”. Mais entre repartir de rien pour les uns, ou simplement changer d’air pour les autres, l’effondrement du secteur immobilier et la crise financière qu’il a engendré, n’a pas touché tous les salariés concernés de la même manière. Stephen Markham, 28 ans, s’apprête à tourner la page sans trop de regret. Ce “golden boy” vient d’être recruté dans la City à Londres et part avec une grosse prime en poche. Sa principale préoccupation du moment: va-t-il lui falloir vendre ou louer son loft situé côté ouest de Manhattan ? Tony Ventimiglio, 45 ans, ancien vendeur de voitures, reconverti dans l’immobilier il y a quatre ans, aux belles heures des produits “subprime”, a vu, lui, son existence bouleversée. En juin, il roulait encore en Cadillac et s’apprêtait à renouveler l’inscription de ses enfants dans une école privée. Mais fin octobre, c’était à pied qu’il devait commencer une formation professionnelle gratuite dans une université californienne. Au delà de leurs différences, les deux hommes se disent victimes d’un même “missile” que l’industrie américaine de la finance a créé de toutes pièces et qui est en train de lui “exploser” entre les mains. L’un travaillait à vendre le rêve de tout Américain – devenir propriétaire – sans se “soucier de la capacité à rembourser”. L’autre se consacrait à racheter ces hypothèques et à les revendre à des investisseurs “pour optimiser leur portefeuille”. Aujourd’hui, le “subprime” est mort. “On créait une demande factice avec de l’argent factice et un volume factice”, souligne Stephen Markham, pressé de tourner la page et de rejoindre le fonds qui l’a recruté dans la capitale anglaise. “Beaucoup d’entre nous ne connaissaient rien aux +subprime+, nous étions-là simplement au bon moment et au bon endroit”, raconte Tony Ventimiglio. “Nous n’avions pas à posséder de licence d’agent immobilier, il suffisait juste de passer un test écrit et de payer quelques dollars et on recevait une licence”, explique-t-il. Trois heures de cours théoriques et un test, confirme la Namb, association qui regroupe les agences spécialisées dans le crédit hypothécaire. “Je me faisais environ 25.000 dollars par mois en commissions et 225.000 dollars par an, soit plus du double de ce que j’avais gagné lors des quatre années précédentes dans mon ancien poste”, relate l’ancien agent immobilier. Dans la prospère commune d’Orange County, où il travaillait, le prix moyen d’une maison était de 642.250 dollars et rapportait une commission de 2 à 4% à l’agent immobilier qui la vendait. “J’ai accepté ce poste parce que je souhaitais me constituer un bon pécule”, explique de son côté le New Yorkais, recruté dès sa sortie de la prestigieuse université Havard. Il avait alors rejoint une cellule de 30 jeunes génies de la finance, âgés entre 22 et 30 ans, chargés d’imaginer de nouveaux produits financiers capables de répondre aux besoins des investisseurs. Cette cellule aurait dû mettre le hola, lorsque ses membres ont découvert que les prêts qu’elle commercialisait auprès d’investisseurs avaient souvent été octroyés sans pièces justificatives ou avec des documents faux. Mais “ce n’est que quand nos marges ont considérablement baissé qu’on a tiré la sonnette d’alarme”, reconnaît-il. Si les sociétés de crédit immobilier ont licencié 76.000 personnes depuis janvier – et d’autres suppressions d’emplois sont attendues – l’industrie de la finance reste un secteur porteur aux Etats-Unis, avec 8,5 millions de postes en juillet, contre 8,4 millions un an plus tôt, selon le cabinet de conseil Challenger, Gray & Christmas. |
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