EDF : l’Etat vend 2,5% du capital pour financer un plan pour l’université

 
 
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Le siège d’EDF à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[03/12/2007 21:39:39] PARIS (AFP) En décidant de céder lundi une part du capital d’EDF, le ministère des Finances poursuit la vente des participations de l’Etat dans des groupes publics, mais cette cession servira cette fois à financer un plan pour les universités et non plus à alléger la dette.

L’Etat a vendu 2,5% du capital du groupe d’électricité, via un placement accéléré auprès d’investisseurs institutionnels, pour 3,7 milliards d’euros. Cette vente se situe dans le bas de la fourchette prévue par Bercy, qui avait annoncé dans la matinée qu’elle pourrait concerner 2,5% à 3,7% du capital.

Comme l’avait annoncé jeudi le président Sarkozy, cette somme doit servir à financer un plan d’investissement de 5 milliards d’euros dans les universités, “un schéma totalement nouveau”, relève Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.

Depuis 2005, la quasi-totalité des cessions d’actifs de l’Etat était en effet affectée à la réduction de la dette publique de la France (Etat et administrations publiques), qui, à plus de 64% du PIB, outrepasse largement le plafond de 60% exigé par le pacte de stabilité européen.

L’an dernier, la France avait inscrit noir sur blanc cet engagement dans son programme de stabilité transmis à la Commission européenne. Le nouveau programme, rendu public lundi avec un objectif de dette publique révisé en légère hausse, ne fait plus état de cet engagement.

“A l’époque de Thierry Breton (ministre de l’Economie de 2005 à 2007, ndlr), toutes les cessions de l’Etat devaient aller au désendettement” mais il s’agissait “d’un engagement politique, sans obligation légale”, rappelle Elie Cohen, directeur de recherches au CNRS.

En 2006, les quelque 17 milliards d’euros de cessions d’actifs réalisées, avec notamment la vente des différentes sociétés d’autoroutes, avaient ainsi été consacrés à 95% à l’allègement de la dette.

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Le capital d’EDF au 3 janvier 2007. (Photo : Francis Nallier)

“Aujourd’hui on estime qu’il peut y avoir des causes supérieures”, poursuit M. Cohen, pour qui le gouvernement a voulu faire cette fois “une annonce politique très forte, très visible”.

Pour Christian Saint-Etienne, professeur à Tours et Paris-Dauphine et membre du Conseil d’analyse économique, “2006 a été une exception, durant laquelle le gouvernement a voulu être extrêmement vertueux et plaire à l’opinion alors qu’on avait beaucoup parlé du problème de la dette”.

En cédant de nouveaux actifs, “l’Etat pouvait choisir d’affecter le produit de la cession au désendettement et diminuer ainsi les intérêts de la dette, ou bien investir à long terme, ce qu’il fait”, note Jérôme Sgard, économiste au Cepii.

“Il y a eu un arbitrage entre le court terme et le long terme, mais la cession revient à abandonner maintenant une partie du patrimoine pour accroître le potentiel de croissance à l’avenir”, renchérit Mathieu Kaiser, économiste de BNP Paribas.

“Aujourd’hui, l’Etat reste impécunieux, mais pour une noble cause”, juge pour sa part Elie Cohen. “Il semble seulement étonnant que la cession porte sur une participation aussi faible”, ajoute-t-il.

La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a toutefois souligné lundi qu’il restait “de la marge” pour une nouvelle vente de titres EDF ouverte aux particuliers, qui pourrait intervenir dès 2008.

Avant l’annonce jeudi de cette cession, le montant des privatisations atteignait 3,7 milliards d’euros en 2007.

Fin septembre, Christine Lagarde avait annoncé que le gouvernement avait prévu de céder pour 5 milliards d’euros de participations de l’Etat en 2008, en fonction des “conditions de marché” et de leur “caractère stratégique ou non”.

 03/12/2007 21:39:39 – © 2007 AFP