Bras de fer autour d’un salaire minimum en Allemagne, plus de 1000 licenciements chez Pin

 
 
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Une factrice à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 26 janvier 2005 (Photo : Norbert Millauer)

[04/12/2007 13:41:52] BERLIN (AFP) L’instauration d’un salaire minimum pour les facteurs a réveillé de vieux démons en Allemagne, où le patronat menace de suppressions d’emplois par millions si une telle mesure était étendue à d’autres secteurs, comme le souhaitent les syndicats et les sociaux-démocrates.

Le groupe privé de services postaux Pin Group, filiale de l’éditeur allemand Axel Springer, a annoncé mardi dans un communiqué le licenciement de “bien plus de 1.000” personnes en Allemagne, affirmant y être “forcé” après l’introduction d’un salaire minimum pour les facteurs.

“Les plus touchés seront les Etats régionaux de Bavière et de Basse-Saxe”, a fait savoir Pin Group, qui a son siège social au Luxembourg.

Le licenciement d’un millier de personnes “est un premier pas”, selon la société, qui assure que “de nombreux autres emplois sont menacés.”

L’entreprise, numéro deux en Allemagne derrière la poste semi-publique Deutsche Post, emploie au total 9.000 personnes.

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Une factrice trie du courrier à Pattensen, dans le nord-ouest de l’Allemagne, le 7 novembre 2007 (Photo : Nigel Treblin)

“Avec le salaire minimum exagéré, la destruction d’investissements de plusieurs milliards d’euros et de milliers d’emplois a été sciemment décidée. Le plus regrettable est que cela concerne d’abord des personnes peu qualifiées ou sortant de longues périodes de chômage, qui sont renvoyés à la charge de l’Etat et vers un futur incertain”, s’emporte Günther Thiel, patron du Pin Group, cité dans le communiqué.

Entre 8 et 9,80 euros: ce sont les chiffres qui font trembler les patrons allemands.

Ils définissent le salaire minimum horaire à l’avenir en Allemagne pour les salariés du secteur de la distribution de courrier, fixé la semaine dernière par le syndicat allemand des services Verdi et la poste semi-publique Deutsche Post, et validé par le gouvernement Merkel.

La réaction des rares concurrents de Deutsche Post n’a pas tardé: le groupe néerlandais TNT et l’allemand Hermes Logistik ont annoncé lundi qu’ils gelaient leur projet de se lancer dans la distribution de courrier en Allemagne.

Le groupe d’édition Axel Springer, propriétaire de la société de services postaux PIN, a quant à lui fait savoir lundi qu’il examinait “toutes les options” pour cette filiale, y compris une cession pure et simple.

Selon eux, l’instauration d’un salaire minimum revient de facto à préserver le monopole de Deutsche Post sur la distribution de courrier aux particuliers, qui doit pourtant légalement tomber le 1er janvier prochain.

Un argument qui ne laisserait pas insensible la Commission européenne, selon le magazine Spiegel, qui croit savoir que la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes va soumettre à un examen pointilleux l’instauration de ce salaire minimum.

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Une factrice trie du courrier à Pattensen, dans le nord-ouest de l’Allemagne, le 7 novembre 2007 (Photo : Nigel Treblin)

Au total, quelque 20.000 des 60.000 emplois chez les concurrents de Deutsche Post seraient menacés, ont calculé ces derniers, qui payent en général un salaire horaire tournant autour de 7,5 euros.

Et le patronat avance des chiffres encore plus terrifiants si l’Allemagne venait à adopter un salaire minimum légal généralisé, comme la France par exemple: “Ce seront alors cinq millions d’emplois qui seront sur la sellette”, menace le président de la Fédération nationale des industries allemandes (BDI), Jürgen Thumann.

La régulation du salaire par le législateur est un tabou en Allemagne, où la vie de l’entreprise est réglée pour l’essentiel par des accords conclus entre patronat et syndicat, à l’exception de quelques branches ayant déjà opté pour un salaire minimum, comme par exemple les laveurs de carreau, et désormais les facteurs.

Le parti social-démocrate SPD, qui se partage le pouvoir avec les conservateurs, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, alors que la grogne monte en Allemagne sur la stagnation des salaires, rognés par l’inflation, alors que les rémunérations des grands patrons crèvent le plafond.

Le SPD table déjà sur des salaires minimum pour les jardiniers, les bouchers ou encore les salariés de sociétés de sécurité privées. Et compte faire de l’instauration d’un salaire minimum généralisé, réclamé en particulier par le syndicat des services Verdi, l’un de ses grands thèmes de campagne lors des législatives prévues en 2009.

Sans aller aussi loin, la chancelière conservatrice Angela Merkel elle-même se dit désormais ouverte à une extension contrôlée du principe du salaire minimum, à certaines branches.

Au grand dam de la branche libérale du parti CDU/CSU. L’un de ses ténors, Günter Oettinger, qui dirige aussi le riche Etat régional du Bade-Wurtemberg, a indiqué ressentir “une gêne certaine” face à la décision prise pour les facteurs.

 04/12/2007 13:41:52 – © 2007 AFP