[05/12/2007 16:39:15] STRASBOURG (AFP) L’homme d’affaires indien Ajay Khaitan, du fonds d’investissement britannique Emerisque, a annoncé mercredi qu’il était en “négociations exclusives” pour racheter la cristallerie de luxe Lalique au groupe Pochet, se voulant rassurant sur sa volonté de développer la société. “Lalique est une marque française de luxe fabriquée en France”, a-t-il assuré lors d’un point-presse à Strasbourg, affirmant qu’il investirait 15 millions d’euros dans son développement et qu’il n’y aurait pas de délocalisation de la cristallerie de Wingen-sur-Moder (Bas-Rhin), unique site de production Lalique dans le monde qui emploie 260 personnes. De même, “l’équipe existante restera en place”, même si le management de l’entreprise aura besoin de “ressources supplémentaires” pour faire face au défi qu’Ajay Khaitan entend relever : doubler d’ici cinq ans les ventes en rajeunissant la marque, développer de nouveaux produits (bijoux, accessoires de mode) et miser sur les marchés émergents que sont l’Inde, la Chine, la Russie et le Moyen-Orient. La vente n’est pas encore actée, le comité central d’entreprise (CCE) de Lalique n’ayant toujours pas rendu son avis consultatif après avoir mandaté début novembre un expert pour une analyse des données économiques financières et sociales de l’entreprise. Si la vente aboutit, Emerisque deviendra l’investisseur “opérationnel” minoritaire (chargé de définir la stratégie de l’entreprise), au côté d’un fonds d’investissement majoritaire, Fleming Ventures. Détenu par la famille Fabiani, une famille d’origine indienne basée en Espagne Fleming est spécialisé dans les investissements financiers, technologiques et immobiliers. Ajay Khaitan reste flou tant sur le montant de la transaction que sur le pourcentage exact de la part minoritaire qu’il entend prendre dans le capital de Lalique. Son fonds Emerisque, fondé en 2003, s’est spécialisé dans le rachat de marques en difficulté, comme le fabricant de jeans Lee Cooper, Puma ou Ben Sherman. Agé de 43 ans, Ajay Khaitan se trouve par ailleurs sur la liste des personnes recherchées par le Central Bureau of Investigation (CBI), l’équivalent indien du FBI américain. “C’est très courant dans des pays comme l’Inde”, se défend l’intéressé, qui précise que l’affaire remonte à 1988 et concerne un “différend de 12.000 euros avec une banque” pourtant alors “réglé au bout de quelques mois”. “Tout le monde pensait que l’affaire était close mais la procédure judiciaire doit suivre son cours”, ajoute-t-il, avant d’assurer que “cela n’a aucune incidence opérationnelle”. Comme pour Lalique, Ajay Khaitan s’était aussi associé à un investisseur majoritaire, le fonds américain Sun Capital Partners, pour prendre le contrôle en 2005 de Lee Cooper, dont il a même été le PDG jusqu’en février 2007. A Lalique, qui emploie 600 personnes dans le monde dont 425 en France, “on a peur que se reproduisent les délocalisations intervenues chez Lee Cooper”, souligne Pascal Grussi, secrétaire du CCE. Ajay Khaitan rétorque qu’il ne faut pas “mélanger les genres” et que le secteur textile “n’a rien à voir” avec celui de la cristallerie de luxe. Et avance les “bons chiffres” réalisés par Lee Cooper depuis l’entrée d’Emerisque dans son capital. Les salariés restent néanmoins “inquiets” face à cet investisseur “un peu trop intéressé à la marque”, précise Pascal Grussi qui estime “probable que des lunettes Lalique ne seront pas fabriquées à Wingen”. Ajay Khaitan, lui, se veut optimiste: “Nous ne sommes pas ici pour détruire Lalique. Notre plus grand défi est de savoir si nous pouvons produire suffisamment à Wingen pour répondre à la demande” des nouveaux marchés. |
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