Le statu quo de l’Opep reflète ses craintes sur la demande

 
 
CPS.HSG64.061207104725.photo00.quicklook.default-245x175.jpg
Le président de l’Opep Mohammad Ben Zaën Al-Hameli, le 5 décembre 2007 à Abou Dhabi (Photo : Karim Sahib)

[06/12/2007 09:51:27] ABOU DHABI (AFP) La décision de l’Opep de laisser inchangée sa production témoigne de ses craintes face aux incertitudes qui planent sur la demande, mais sa passivité pourrait faire rebondir les prix.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a ignoré les appels des pays consommateurs, qui réclamaient plus de brut pour calmer la flambée des prix, après que le baril a taquiné les 100 dollars en novembre.

Elle a choisi de temporiser en fixant une réunion extraordinaire le 1er février pour réexaminer la situation.

“Il y a beaucoup d’incertitudes en ce moment: la crise financière aux Etats-Unis, la croissance mondiale, les signes d’inflation, la baisse du dollar, les températures cet hiver… Tous ces facteurs combinés rendent l’Opep et le marché nerveux”, explique Kamel al-Harami, analyste indépendant.

Selon lui, l’Opep “veut s’assurer que le marché n’est pas insuffisamment ou excessivement approvisionné”.

Alors que les nuages s’accumulent sur l’économie américaine, l’Opep craint une forte chute de la demande, qui pourrait faire plonger les prix, comme après la crise asiatique de 1997 où ils étaient tombés à 10 dollars.

Le cartel anticipe clairement un fléchissement de la demande à partir de février, qui devrait selon son chef économiste conduire à un surplus de 1,2 million de barils par jour au deuxième trimestre 2008.

“Si nous augmentions maintenant, nous pourrions provoquer un effondrement de la demande”, a ainsi déclaré Rafael Ramirez, ministre vénézuélien du pétrole, à l’issue de la réunion.

La brutale chute des prix, qui ont dégringolé de dix dollars la semaine dernière, a beaucoup pesé dans la décision, dissuadant l’Arabie saoudite, chef de file du cartel, de plaider en faveur d’une hausse pour ménager ses alliés américains.

La plongée des prix sous 90 dollars le baril “a facilité l’obtention d’un consensus” en faveur du statu quo, admet Costanza Jacasio, de Barclays Capital.

Comme le souligne Véra de Ladoucette, consultante au Cambridge Energy Research Associates, “les Saoudiens sont à l’aise avec un baril à 70-80 dollars” mais n’ont aucune envie de le voir retomber à 60 dollars.

Mais le diagnostic de l’Opep est contesté. Selon Barclays Capital, “il aurait fallu augmenter de 750.000 ou 1 million de barils par jour la production”, après quatre trimestres consécutifs de baisse des stocks.

L’Agence internationale de l’Energie (AIE) juge aussi qu’il manque encore 900.000 barils par jour pour parvenir à l’équilibre au quatrième trimestre.

Le statu quo du cartel ne va donc “pas aider à calmer l’anxiété actuelle des marchés”, remarquait l’Agence, qui défend les intérêts des pays consommateurs, dans un communiqué publié à l’issue de la réunion.

CPS.HSG64.061207104725.photo01.quicklook.default-245x181.jpg
Le secrétaire général de l’Opep, Abdullah al-Badri, lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi le 5 décembre 2007 (Photo : Karim Sahib)

Après avoir bondi de deux dollars après l’annonce de l’Opep mercredi, les prix sont retombés et perdaient jeudi 73 cents à 86,76 dollars le baril lors des échanges électroniques.

Mais “à moins d’une évolution très négative de l’économie, il y a de fortes chances que les prix rebondissent et testent de nouveaux records”, juge Costanza Jacazio.

Toutefois, dans les faits, la production de l’Opep augmente. Plusieurs pays membres trichent en produisant au-delà de leurs objectifs, tandis que l’Irak et l’Angola, deux pays hors quotas, ont accéléré la cadence.

En outre, la production des Emirats Arabes Unis, plus basse durant une période de maintenance en novembre, renoue avec son niveau normal.

Même l’AIE le reconnaît: “La production de l’Opep a été bien plus importante, essentiellement grâce à l’Irak et à l’Angola”, que l’objectif de 27,25 millions de barils par jour fixé en septembre.

“Il y des signes qui montrent que plus de pétrole s’achemine en décembre”, a conclu son directeur excécutif Nobuo Tanaka.

 06/12/2007 09:51:27 – © 2007 AFP