Présidentielle américaine : l’économie revient en force dans la campagne

 
 
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Hillary Clinton lors d’un discours au Nasdaq à Wall Street, le 5 décembre 2007 (Photo : Don Emmert)

[06/12/2007 07:53:59] WASHINGTON (AFP) Contre toute attente, l’économie revient en force dans la campagne présidentielle américaine, à quatre semaines des premières échéances électorales, éclipsant la guerre en Irak dans les discours et les débats.

Avec la Bourse plus instable que jamais, la crise des prêts immobiliers qui s’amplifie, les coûts de santé qui s’aggravent et la crise des retraites qui se rapproche, les uns après les autres les candidats développent arguments et attaques pour répondre à des inquiétudes qui touchent de très près les électeurs – au premier chef les démocrates.

Certains croient déjà deviner une répétition de la campagne de 1992, où le démocrate Bill Clinton avait fait pratiquement l’impasse sur les thèmes de politique extérieure (au lendemain de la guerre du Golfe lancée et gagnée par son prédécesseur républicain George Bush). Ce qui compte pour l’électeur, “c’est l’économie, imbécile”, martelait un de ses conseillers – célébrissime refrain qu’on recommence à entendre aujourd’hui.

A en croire un sondage réalisé pour le Des Moines Register de dimanche auprès des électeurs de l’Iowa, les premiers appelés à se prononcer le 3 janvier sur la course à la Maison Blanche, la santé, l’économie et l’emploi sont les trois principaux soucis des démocrates (cités par 87% d’entre eux), devant la guerre en Irak (82%).

Les républicains de l’Iowa s’intéressent plus à la sécurité nationale, au terrorisme, à l’immigration, mais la politique fiscale et commerciale et les retraites sont aussi des thèmes cités par une majorité d’entre eux.

Selon l’institut indépendant Pew Research cependant, l’économie figure tout de même au second rang des préoccupations des républicains au niveau national, juste derrière l’Irak (19% contre 25% selon une enquête publiée mardi).

Jeudi, l’ex-Première dame Hillary Clinton s’est rendue à Wall Street pour “un grand discours” sur la crise immobilière. Elle a appelé les milieux boursiers à “jouer (leur) rôle pour mettre fin à la crise des saisies immobilières qui étrangle les familles de la classe moyenne et menace notre économie”.

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Le démocrate John Edwards en campagne, le 30 novembre 2007 à Tysons Corner, en Virginie. (Photo : Paul Richards)

Le même jour, l’un de ses principaux rivaux, John Edwards, a dévoilé ses propositions sur le “rêve de l’accession à la propriété”. M. Edwards, le fils d’un ouvrier du textile qui a pour slogan la dénonciation de “deux Amériques” – celle des riches et celle des autres – centre l’essentiel de son message sur des thématiques économiques et sociales, “couverture santé universelle, bons emplois, logements abordables”…

D’après Peter Morici, professeur à la faculté de gestion de l’Université du Maryland, cette attention portée au portefeuille des Américains est nécessaire, mais les candidats vont devoir livrer des propositions concrètes.

“Il ne suffira pas aux candidats démocrates de faire campagne en dénonçant le bilan (du président George W.) Bush (…), au risque d’ouvrir une brèche pour les républicains”, prévient-il.

Et pour les républicains, qui pour l’instant se limitent largement à dénoncer l’intention supposée des démocrates d’augmenter massivement les prélèvements obligatoires, “il ne suffira pas de faire campagne en disant ‘baissons les impôts et tout va bien'”, estime M. Morici. Surtout que “si nous entrons en récession, ce serait vraiment difficile (…) parce que les problèmes seraient trop graves”.

Tandis que les thèmes économiques gagnent en importance, l’Irak semble devenir un sujet de plus en plus inconfortable des deux côtés de l’échiquier: pour les démocrates, il devient difficile de réclamer un retrait militaire à court terme alors que la situation tend à se stabiliser, au moins du point de vue de la sécurité.

Pour les républicains, la guerre est encore trop impopulaire pour qu’ils se risquent à la soutenir – à l’exception du sénateur John McCain, qui ne manque pas une occasion de se féliciter d’avoir défendu l’envoi de renforts de troupes en dépit de l’impopularité de sa position en début d’année.

 06/12/2007 07:53:59 – © 2007 AFP