[06/12/2007 13:59:27] COGNAC (AFP) Les exportations françaises de cognac connaissent depuis le début de l’année une envolée spectaculaire, notamment en Chine et aux Etats-Unis, mais le manque de stock disponible et une production à la peine entraînent une flambée des prix de cette célèbre eau-de-vie. Au 31 octobre 2007, les ventes à l’étranger ont progressé de 8,5% sur un an avec un record historique de 163,1 millions de bouteilles expédiées, souligne le Bureau national interprofessionnel du cognac (Bnic). Parmi les quatre principaux pays importateurs (USA, Singapour, Grande Bretagne, Chine), ce sont les Etats-Unis, premier marché étranger, qui affichent la plus forte progression (+28,3%), suivis par la Chine, avec une hausse de 26,4% en un an. De son côté, l’Estonie (16ème importateur) a augmenté ses importations de 210,5%. “Les niveaux de vie augmentent dans de nombreux pays, comme la Russie ou la Chine qui s’ouvre au monde depuis son entrée dans l’Organisation mondiale du commerce. Les consommateurs délaissent les alcools locaux, vodka ou alcool de riz, pour monter en gamme”, analyse Alain Philippe, directeur du Bnic. Toutes les zones géographiques -pays de l’Alena (Canada, Etats-Unis, Mexique), Europe ou Extrême-Orient- ont connu un essor supérieur à 7% en un an. “Cette hausse des ventes, également répartie dans le monde, est beaucoup plus saine que dans les années 90 où nous avions subi de plein fouet la récession chez nos deux principaux clients, le Japon et les Etats-Unis”, se réjouit Marlène Tisseire, directrice du syndicat des vignerons pour la défense de l’AOC Cognac. Mais échaudée par cette crise dont elle vient à peine de se remettre, la profession a “péché par excès de prudence” quant aux volumes de production. “On n’a pas voulu trop augmenter les stocks, qui constituent un lourd poids financier. Aujourd’hui, c’est vrai qu’on manque de cognac de quatre à neuf ans d’âge”, déplore Alain Philippe. “Nous avons sans doute ralenti notre progression par manque de matière première”, reconnaît-il.
Du coup, on relève une nette flambée des prix, avec des prix sur le marché libre supérieurs à ceux du marché contractuel. Selon Marlène Tisseire, les plus vieux cognac se vendent en moyenne 100% plus cher qu’il y a un an. L’embellie profite surtout aux cinq plus grandes maisons de cognac (Hennessy, Courvoisier, Martell, Rémy Martin et Camus), qui se partagent à elles seules 80% du marché, tandis que les petits producteurs commencent à avoir du mal à répondre à la demande, par manque de stocks. En pleine campagne de distillation, ouverte depuis le 1er novembre et jusqu’au 31 mars, la profession reconnaît que le déséquilibre entre l’offre et la demande ne sera pas comblé dans l’immédiat en raison d’une récolte inférieure aux prévisions, due au manque de soleil et à la maladie du mildiou dans la vigne. “J’espère que la tension sera moins forte l’an prochain”, indique M. Philippe. Rançon du succès, la contrefaçon se développe, notamment en Russie et en Asie du sud-est, des pays où “l’imagination est au pouvoir” en la matière, ironise Alain Philippe, tant pour copier la forme des bouteilles ou le nom des marques, ou encore pour remplir des bouteilles vides avec du faux cognac. Le Bnic tente aujourd’hui de travailler avec les administrations locales des différents pays “à risque” pour limiter le préjudice, encore difficile à estimer. |
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