La BoE tranche le débat entre croissance et inflation en baissant ses taux

 
 
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La Banque d’Angleterre à Londres (Photo : Shaun Curry)

[06/12/2007 16:35:51] LONDRES (AFP) La Banque d’Angleterre (BoE) a abaissé jeudi son taux d’intérêt directeur pour la première depuis plus de deux ans, une décision semblant souligner que l’institution préfère à court terme donner de l’air à l’économie, quitte à lâcher un peu la bride à l’inflation.

La BoE a annoncé au terme de deux jours de réunion de son comité de politique monétaire une baisse de 25 points de base de son taux directeur, passé de 5,75 à 5,50%.

La dernière modification des taux, une hausse de 25 points de base, remontait à juillet. La dernière baisse remontait à août 2005.

Cette décision est conforme aux attentes des analystes qui, depuis quelques jours seulement, s’étaient mis à parier sur un assouplissement monétaire, au regard de nombreux indicateurs témoignant d’un ralentissement de l’économie, et de signes multiples d’un affaissement des prix de l’immobilier, sur fond d’assèchement des liquidités sur les marchés financiers.

“Il y a désormais des signes montrant que la croissance a commencé à ralentir”, a d’ailleurs reconnu la BoE dans son communiqué. Ces signes avaient été relevés avec inquiétude depuis plusieurs mois par les banques, syndicats et organisations professionnelles, qui réclamaient une baisse des taux.

Tous ont salué la décision de la BoE, mais parfois déploré son retard.

La BoE a relevé une modération des dépenses de consommation des ménages et des investissements et la détérioration des conditions sur les marchés financiers, qui risque de peser sur la croissance.

La banque centrale s’était distinguée depuis l’été par sa rigueur monétaire, alors que le crise du crédit frappait les marchés, faisant craindre aux observateurs une contagion à l’économie réelle.

Certains observateurs avaient déploré l’attitude “bornée” du gouverneur de la banque, Mervyn King. Lui et la plupart de ses collègues se refusaient à baisser en urgence les taux, ne voulant pas se poser en sauveurs d’investisseurs imprudents, exposés à des pertes à cause de la crise des “subprime”. Considérations psychologiques mises à part, M. King était surtout préoccupé par la persistance d’une inflation élevée, qui évolue toujours au-dessus de la cible des 2%.

Les critiques de M. King ont aussi observé que la Réserve fédérale américaine (Fed) avait fait moins de manières, baissant de 5,25 à 4,50% son taux directeur à partir de septembre. Cet assouplissement monétaire n’a cependant pas mis fin aux spéculations inquiètes sur une éventuelle récession américaine, et la Fed pourrait récidiver dès le 11 décembre.

De son communiqué, il ressort que la BoE n’a pas négligé les considérations sur l’inflation. “Les prix élevés de l’énergie et des denrées alimentaires devraient maintenir l’inflation au-dessus de la cible des 2% à court terme”, a-t-elle souligné.

Mais dans le casse-tête consistant à maîtriser l’inflation au risque d’étrangler la croissance, ou à donner de l’air à la croissance au risque de voir l’inflation galoper de nouveau, la BoE a tranché en faveur de la croissance.

“Son communiqué reconnaît que les risques pesant sur la croissance ont commencé à se matérialiser, (ce qui a) dû faire pencher la balance en faveur d’une baisse préventive des taux”, a commenté Audrey Childe-Freeman, économiste à la CIBC. Un ralentissement économique maîtrisé devrait du reste contribuer à tempérer l’inflation à moyen terme.

Du coup, La Banque centrale européenne (BCE), qui a de nouveau maintenu jeudi son taux d’intérêt directeur, à 4%/, est désormais isolée.

“Si, jusqu’à présent, la Banque d’Angleterre semblait la soutenir dans son entêtement (à ne pas baisser les taux, ndlr), la BCE est désormais seule”, a ainsi déploré l’économiste Marc Touati.

 06/12/2007 16:35:51 – © 2007 AFP