USA : le marché de l’emploi résiste comme il peut à la crise immobilière

 
 
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Une femme à la recherche d’un emploi, le 2 février 2006 à Oakland, en Californie (Photo : Justin Sullivan)

[07/12/2007 15:54:51] WASHINGTON (AFP) Le marché du travail américain résiste du mieux qu’il peut à la crise de l’immobilier, avec 94.000 emplois créés en novembre après 170.000 en octobre, qui laisse prévoir une baisse modérée des taux de la Fed la semaine prochaine.

Le taux de chômage est dans le même temps resté stable à 4,7% de la population active, a indiqué vendredi le département du Travail. Ces chiffres sont supérieurs aux attentes des analystes, qui tablaient sur 70.000 créations d’emplois et une hausse du chômage à 4,8%.

Cependant les marchés s’étaient pris à espérer une surprise encore meilleure depuis la publication, mercredi, des prévisions du cabinet ADP parlant de 189.000 embauches pour le seul secteur privé.

“D’une certaine façon, c’est une déception”, estime Peter Buchanan de CIBC World Markets.

De plus on est en dessous du niveau jugé nécessaire par les analystes pour absorber la hausse naturelle de la population active, qu’ils estiment entre 110.000 et 140.000

La Bourse de New York reflétait ces ambivalences, fluctuant autour de son niveau d’ouverture vers 15H30 GMT.

Les analystes soulignent toutefois qu’il ne s’agit pas d’un écroulement.

“Même s’ils ne sont pas robustes, ces chiffres attestent de la résistance de l’économie face au resserrement récent du crédit et aux turbulences des marchés”, estime Stephen Gallagher de la Société Générale à New York.

Et “les embauches au niveau actuel sont suffisantes pour éviter de sérieux problèmes aux consommateurs”, ajoute-t-il.

La vigueur de la consommation est cruciale pour la croissance américaine, et les craintes des analystes est que l’aggravation de la crise de l’immobilier ne finisse par laminer le pouvoir d’achat des ménages.

Témoignant de ces inquiétudes, le gouvernement américain a poussé de toutes ses forces pour obtenir des banques qu’elles acceptent de geler les taux d’emprunt immobilier de certains ménages, aux termes d’un accord annoncé jeudi.

Le poids de la crise immobilière se reflète dans les chiffres de l’emploi de novembre: alors que les services restaient le secteur le plus dynamique, avec 28.000 embauches dans l’éducation/santé et 24.000 dans la distribution, le secteur financier a perdu 13.000 emplois. Le bâtiment en a supprimé 24.000 et l’industrie 11.000.

Au total, les secteurs liés à l’immobilier ont supprimé 55.000 emplois le mois dernier, note M. Gallagher.

Ces chiffres seront examinés avec soin par le banque centrale, qui se réunit mardi pour réexaminer le niveau de son taux directeur. Les marchés ont largement anticipé une nouvelle baisse, et le patron de la Fed Ben Bernanke les a récemment confortés dans leur opinion en assurant qu’il allait devoir se montrer “exceptionnellement flexible” pour fixer la politique monétaire.

Pour les analystes, ce rapport ne devrait pas inciter la Fed à faire volte-face, mais ils écartent l’idée d’une baisse d’un demi-point.

“Les chiffres de l’emploi ne sonnent pas l’alerte à la récession, et nous pensons que la Réserve fédérale se limitera à une baisse d’un quart de point, à 4,25%, mardi prochain, pour compenser l’effet du récent durcissement des conditions de crédit sur les marchés financiers”, estime Nigel Gault du cabinet Global Insight.

Pour l’avenir, les analystes sont divisés. Si certains estiment que la résistance de l’économie devraient inciter la banque centrale à s’arrêter là en attendant un retour à la normale sur les marchés, d’autres sont plus nuancés.

“Je n’écarterais pas la possibilité de nouvelles baisses des taux sur la base de ce rapport, parce que la Fed a surtout les yeux braqués sur les conditions des marchés du crédit en ce moment”, estime M. Buchanan.

 07/12/2007 15:54:51 – © 2007 AFP