[07/12/2007 16:03:17] PARIS (AFP)
Le déficit du commerce extérieur s’est encore creusé en octobre, enfonçant un record à plus de 3,6 milliards d’euros, soit près de 30 milliards depuis le début de l’année, ce qui confirme le problème structurel de l’économie française et porte un nouveau coup à la croissance. Sur un mois, le déficit a atteint le chiffre de 3,637 milliards d’euros, 422 millions de plus qu’en septembre, ont annoncé les Douanes. Sur un an, il se monte à 35,22 milliards, également un record, et sur les dix premiers mois de l’année, à 29,8 milliards. Il devrait donc logiquement dépasser en 2007 le chiffre de 31,7 milliards prévu par le gouvernement. Hervé Novelli, secrétaire d’Etat en charge du Commerce extérieur, n’avait pas réagi à ces très mauvais chiffres en milieu de journée. “Plus les mois passent, plus la situation du commerce extérieur français devient catastrophique”, a estimé Marc Touati, économiste d’ACDEFI. Les exportations ont très légèrement augmenté en octobre, à 34,085 milliards d’euros, tandis que les importations progressaient plus nettement, à 37,722 milliards. Pour les économistes, l’envolée de l’euro continue de peser sur les échanges, en rendant les produits français moins compétitifs, sans parler de l’alourdissement de la facture énergétique avec la flambée du pétrole. Mais cela n’explique pas tout. “Le solde de la France s’est plus dégradé par rapport à la zone euro que par rapport à tous les autres partenaires”, relève Nicolas Bouzou, chez Asterès. “Par une mauvaise spécialisation sectorielle et géographique de ses exportations, mais aussi par la perte de part de marché des produits nationaux au profit des produits importés, le déficit extérieur de la France est devenu structurellement fort”, souligne Marc Touati. En effet, les exportations de biens d’équipement professionnel se replient, tandis que celles de biens intermédiaires n’augmentent plus. Pour Alexander Law, chez Xerfi, “l’automobile est peut être l’illustration la plus limpide des maux actuels du commerce extérieur français”. “Entre janvier et octobre 2007, le solde de ce secteur n’est positif qu’à hauteur de 904 millions d’euros, contre plus de 5 milliards l’année passée”, relève-t-il. “On peut certes y voir le reflet d’une conjoncture encore chancelante du secteur, mais on peut également y déceler les effets des changements structurels qui voient une part croissante des modèles français assemblés à l’étranger”, poursuit l’économiste. Ce, alors même que des groupes aéronautiques comme EADS ou Dassault évoquent leur intention de délocaliser leur production en zone dollar. En octobre, la livraison de 27 Airbus, dont le premier A380, pour 1,353 milliard d’euros, explique en grande partie la hausse des exportations. “Si la France n’exportait plus d’Airbus, cela se traduirait par une aggravation de notre commerce extérieur annuel d’environ 12 milliards d’euros”, prédit Marc Touati. “La publication de ce jour confirme ce que nous savions déjà: le quatrième trimestre sera particulièrement difficile pour l’économie française”, souligne Alexander Law, qui anticipe une croissance de 1,4% seulement pour l’année prochaine, après 1,7% en 2007. D’autant que la demande intérieure, jusqu’à présent principal moteur de la croissance française, donne aussi des signes d’essoufflement. Le gouvernement français continue néanmoins de s’accrocher à ses prévisions: dans le bas de la fourchette de 2 à 2,5% cette année, et entre 2% et 2,5% en 2008.
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