[09/12/2007 14:01:10] LISBONNE (AFP)
Les critiques ont redoublé samedi contre la Commission européenne, accusée de vouloir arracher à tout prix de nouveaux accords commerciaux “injustes” aux anciennes colonies européennes d’Afrique, pays déjà parmi les plus pauvres de la planète. “La réussite repose sur la confiance et la solidarité et commande de prendre le temps nécessaire pour conclure des accords justes et rassurants”, a déclaré à l’ouverture du 2e sommet UE-Afrique le président de la Commission de l’Union africaine Alpha Oumar Konaré. “Sinon, soyons alors sûrs que les remises en cause ne tarderont pas parce que de plus en plus les populations africaines refuseront de subir”, a-t-il continué, dénonçant les pressions exercées par les Européens pour obtenir ces accords. “Au bout de ce forcing, ce sera une victoire certes, mais une victoire à la Pyrrhus, fondée sur les divisions, aux coûts dramatiques pour les populations rurales africaines et les industriels africains”, a encore martelé le président Konaré. Les organisations paysannes africaines, qui craignent l’arrivée massive sur leurs marchés de produits agricoles européens subventionnés et moins chers sont parmi les plus virulents opposants à ces accords de partenariat économique qui doivent remplacer le 1er janvier 2008 le régime commercial préférentiel accordé par l’UE à 78 pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). L’Organisation mondiale du commerce a laissé jusqu’à la fin de l’année pour remplacer ce régime qu’elle a jugé non conforme aux règles internationales.
Mais seuls 15 ACP, dont 13 africains, ont conclu ces derniers jours des accords intérimaires qui permettront à leurs produits (sauf le riz et le sucre) d’accéder le 1er janvier au marché européen sans droit de douane ni quota, en échange d’une ouverture d’au moins 80% de leur marché aux produits européens, sur des périodes de transition allant jusqu’à 25 ans. “L’Afrique aujourd’hui ne peut pas, quel que soit l’horizon, à 20 ans ou autre, instituer une zone de libre échange avec l’UE”, a affirmé le président sénégalais Abdulaye Wade. “Même si quelques pays ont signé, ça ne change rien, l’Afrique n’est pas d’accord” sur les accords de partenariat économique, a-t-il ajouté, appelant à une grande rencontre euro-africaine le 15 décembre à Accra pour discuter de la question. “Sous une pression énorme, les pays pauvres ont accepté des accords qui leur permettent de continuer à vendre des produits en Europe. Mais les textes (…) ne garantissent pas le développement”, a dénoncé également Amy Barry, porte-parole d’Oxfam sur les questions commerciales. Cette pression est en partie liée au fait que sans accord, la Commission européenne a assuré ne pas pouvoir faire autrement que de relever le 1er janvier ses barrières douanières. Ce qui risque de perturber, voire d’interrompre certaines exportations ACP vers l’UE -sauf pour les Pays les moins avancés qui continueront de bénéficier d’un régime préférentiel. Alors que jusqu’ici les Etats membres de l’UE étaient restés très discrets sur cette question, le Premier ministre irlandais Bertie Ahern a publiquement apporté samedi son soutien aux Africains. “Nous voulons qu’aucun pays ne se retrouve dans une situation pire en 2008”, a-t-il déclaré, appelant à la “flexibilité” de la Commission européenne, qui négocie au nom des 27. “Les pays pauvres ne peuvent pas être forcés (à conclure) des accords injustes”, a-t-il continué, réclamant plus de temps pour les négociations. Devant toutes ces attaques, la Commission continue à défendre ces accords. Ces accords “transformeront notre relation commerciale en un partenariat sain, diversifié et orienté vers le développement”, a assuré une nouvelle fois le président de la Commission José Manuel Barroso. |
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