Contrats attendus et volée de critiques pour la visite de Kadhafi

 
 
[10/12/2007 15:52:29] PARIS (AFP)

CPS.HSX34.101207163346.photo03.quicklook.default-245x163.jpg
Nicolas Sarkozy accueille Mouammar Khadafi le 10 décembre 2007 à l’Elysée à Paris (Photo : Eric Feferberg)

Mouammar Kadhafi est arrivé lundi à Paris pour une visite de cinq jours dont le président Nicolas Sarkozy espère une moisson de contrats, mais qui déchaîne les critiques, jusqu’au sein du gouvernement.

Le colonel Kadhafi a été accueilli vers 15H00 par Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, à l’aéroport d’Orly où un dispositif de sécurité exceptionnel avait été déployé.

Vêtu d’une toge marron, il s’est engouffré dans une limousine blanche et son cortège d’une centaine de véhicules a immédiatement pris la route de Paris, où il devait être reçu dans la foulée à l’Elysée par le président Sarkozy.

Un dîner devait être donné en son honneur à l’Elysée lundi soir, et un deuxième entretien est prévu mercredi.

De nombreux contrats pourraient être signés pendant la visite. Selon le fils de Mouammar Kadhafi, Seif el-Islam, Tripoli souhaite acheter pour “plus de trois milliards d’euros” d’avions Airbus, un réacteur nucléaire et de “nombreux équipement militaires”.

CPS.HSX34.101207163346.photo02.quicklook.default-245x145.jpg
Des tireurs d’élite surveillent l’aéroport d’Orly, le 10 décembre 2007, peu avant l’arrivée de Mouammar Khadafi (Photo : Remy de la Mauvinière)

Paris fait de son côté le forcing pour vendre une dizaine de Rafale, avion de combat de 50 millions d’euros, invendu jusqu’ici à l’exportation.

Alors qu’une commission parlementaire enquête toujours sur les conditions de la libération des soignants bulgares, en juillet, la visite du dirigeant libyen provoque de nombreux remous, dans l’opposition et au sein même de l’exécutif.

Les protestations sont renforcées par le fait que M. Sarkozy avait promis pendant la campagne électorale une “nouvelle” diplomatie, prenant notamment en compte les droits de l’homme.

Rama Yade, la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, a eu des mots très durs pour qualifier la visite du numéro un libyen. “Notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort”, a-t-elle affirmé.

CPS.HSX34.101207163346.photo01.quicklook.default-245x163.jpg
La secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade, le 24 novembre 2007 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Après ces déclarations fracassantes, Mme Yade a été reçue lundi matin à l’Elysée pendant près d’une demi-heure. Elle a ensuite annoncé qu’elle ne démissionnerait pas, soulignant qu'”on ne déserte pas en rase campagne”.

Le patron de la jeune ministre au Quai d’Orsay, Bernard Kouchner, lui a apporté son soutien: “elle a raison de parler ainsi, c’est ce que je lui demande. Elle est en charge des droits de l’homme et elle le fait”, a déclaré le ministre des affaires étrangères.

Il a qualifié d'”heureux hasard” le fait qu’il ne pourrait pas assister lundi soir au dîner donné à l’Elysée, pour cause de réunion à Bruxelles.

De son côté, l’opposition se gausse des divergences au gouvernement et tire à boulets rouges sur une visite “très choquante”, selon Ségolène Royal (PS), “indigne de la France”, selon François Bayrou (MoDem).

CPS.HSX34.101207163346.photo00.quicklook.default-245x160.jpg
Mouammar Kadhafi et Nicolas Sarkozy, lors du sommet UE-Afrique de Lisbonne, le 8 décembre 2007 (Photo : Antonio Cotrim)

“Aucune signature de contrats commerciaux ne peut légitimer un tel aveuglement de la part de Nicolas Sarkozy”, a affirmé François Hollande, numéro Un du PS.

La visite du colonel Kadhafi en France – il est également attendu le 17 décembre en Espagne où il sera reçu par le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero – marque le retour de la Libye sur la scène internationale après des années d’isolement en raison de son passé terroriste.

Tripoli avait commencé à sortir de cet isolement en 2003 après avoir renoncé à son programme d’armes de destruction massive et indemnisé les victimes des attentats de Lockerbie au-dessus de l’Ecosse (270 morts en 1988) et contre un DC-10 d’UTA au dessus du Niger (170 morts en 89).

En juillet, après la libération des soignants bulgares, M. Sarkozy avait effectué à Tripoli une courte visite “pour aider la Libye à réintégrer le concert des nations”. Il y avait conclu des accords sur le nucléaire (pour la “désalinisation de l’eau de mer”) et la coopération militaire.

 10/12/2007 15:52:29 – © 2007 AFP