Lafarge rachète Orascom pour étancher la soif de ciment des pays émergents

 
 
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Le PDG de Lafarge Bruno Lafont lors d’une conférence de presse, le 10 décembre 2007 à Paris (Photo : Francois Guillot)

[10/12/2007 19:20:20] PARIS (AFP) Le géant français des matériaux de construction Lafarge a annoncé lundi le rachat pour 8,8 milliards d’euros de l’égyptien Orascom Cement, une opération qui ancre encore plus le groupe dans les pays émergents, dont la consommation de ciment explose.

Dette incluse, le montant de l’opération s’élève à 10,2 milliards d’euros.

Cette acquisition, qui entraîne également un relèvement à la hausse des perspectives financières du groupe, a été saluée à la Bourse, où le titre a clôturé en hausse de 13,08% à 121,75 euros.

Branche ciment d’Orascom Construction Industries, détenu à 60% par son PDG Nassef Sawiris et sa famille, Orascom Cement est le numéro un du ciment en Egypte, en Algérie, aux Emirats Arabes Unis, en Irak et est bien implanté sur d’autres marchés comme l’Arabie Saoudite, la Syrie, la Turquie, le Pakistan, le Nigeria ou la Corée du Nord.

Grâce à cette acquisition, Lafarge “devient leader du ciment mondial” avec une capacité annuelle de 206 millions de tonnes, devant le suisse Holcim et le mexicain Cemex, s’est félicité le PDG, Bruno Lafont.

L’opération sera financée à hauteur de 6 milliards d’euros par de la dette, et de 2,8 milliards par une augmentation de capital, réservée à Nassef Sawiris, membre de la famille fondatrice du conglomérat Orascom, présent également dans les télécommunications et l’hôtellerie.

M. Sawiris, qui sera lié à Lafarge par un pacte de dix ans et devra maintenir sa participation à ce niveau pendant quatre ans, deviendra ainsi le deuxième actionnaire du groupe avec 11,4% du capital, derrière Groupe Bruxelles Lambert, la holding du milliardaire belge Albert Frère, qui dispose de 17,4% actuellement.

Il fera son entrée au conseil d’administration du groupe avec deux sièges. Lafarge a également annoncé lundi le principe d’une représentation d’Albert Frère, qui aura trois sièges.

“La cession à Lafarge représente la solution qui offrait le plus de valeur et de synergies. Orascom Cement fera partie d’un groupe mondial et diversifié géographiquement”, a réagi de son côté M. Sawiris, dans un entretien à l’AFP.

Avec le rachat d’Orascom, Lafarge fait un pas de géant dans les pays émergents, dont la contribution au résultat brut d’exploitation (Ebitda) doit passer de 45% en 2007 à 55% en 2008 et 65% en 2010.

La consommation de ciment sur ces marchés est en croissance constante, portée par la construction d’infrastructures. De plus, les pays où Orascom est implanté jouissent, pour la plupart, des revenus en hausse du pétrole et du gaz.

“Le ciment est la première matière dont nous avons besoin après l’eau”, a estimé M. Lafont.

La contribution de l’activité ciment au résultat, de 43% actuellement, devrait passer à 65% dès 2010.

Les ventes du groupe progresseront de 3% de plus par an au cours des trois prochaines années, et sa marge augmentera de 2,5 points d’ici à 2010.

Entraînant des synergies de plus de 150 millions d’euros par an, l’acquisition d’Orascom a également amené Lafarge à relever ses perspectives financières.

Le groupe se fixe désormais comme objectif, pour 2010, un résultat net par action supérieur à 15 euros (contre 7,86 euros en 2006), une rentabilité des capitaux engagés supérieure à 12% (contre 9,4%), et un cash-flow libre supérieur à 3,5 milliards d’euros (contre 1,4 milliard).

L’opération, qui devrait être finalisée à la fin du premier trimestre 2008, reste soumise à l’accord des actionnaires d’Orascom, qui se rencontreront en janvier 2008.

L’augmentation de capital doit être approuvée par ceux de Lafarge, qui se réuniront d’ici à fin janvier.

Par ailleurs, pour conserver son profil financier, Lafarge va céder des actifs pour un milliard d’euros, n’excluant pas que des sites français puissent être concernés.

 10/12/2007 19:20:20 – © 2007 AFP