[10/12/2007 18:08:21] PARIS (AFP) La production industrielle a nettement rebondi en octobre, ce qui n’augure pas forcément d’une réelle embellie de la croissance française, au moment où François Fillon reconnaît pour la première fois qu’elle n’atteindra pas l’objectif de 2% et se montre inquiet pour l’an prochain. La hausse de la production industrielle a atteint 2,1% en octobre, tirée par l’automobile, mais après une baisse de 1,2% le mois précédent. Sur les trois derniers mois, elle augmente de 2,4% comparé à la même période de l’an dernier. Face à cette évolution en dents de scie, les économistes sont partagés. Certains, comme Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, considèrent le chiffre d’octobre “extrêmement rassurant”. “La baisse du mois de septembre est entièrement effacée et l’indice atteint son plus haut de l’année”, souligne-t-il. La production automobile en particulier a fortement rebondi (+6,9%), après une chute de 4% en septembre. Celle de biens d’équipement progresse aussi de 1,0%, tandis que la production de biens intermédiaires gagne 1,9%, menée par les “composants électriques et électroniques” (+3,3%), détaille l’Insee. Mais Sylvain Broyer, de Natixis, s’inquiète du déclin constaté dans la construction (-0,2%), en baisse pour le deuxième mois consécutif, témoignant de l’impact du ralentissement immobilier. Marc Touati, du cabinet ACDEFI, et Alexander Law, de Xerfi, insistent eux sur la tendance “montagnes russes” de la production industrielle ces derniers mois, qui leur fait relativiser le rebond d’octobre. Tous deux continuent donc de tabler sur une faible croissance au 4e trimestre.
Même François Fillon affiche sa prudence. Il a pour la première fois reconnu lundi que la croissance française n’atteindrait pas les 2% prévus par le gouvernement en 2007, mais plus probablement 1,9%. Et alors que le gouvernement table pour 2008 sur une croissance de 2,25%, le Premier ministre s’est montré inquiet de la montée des “incertitudes”. “Elles tiennent au niveau du dollar, au prix du baril de pétrole et aux répercussions de la crise du subprime sur la croissance américaine. Nous restons très vigilants”, a-t-il déclaré aux Echos. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) mise elle aussi sur 1,9% de croissance cette année, et s’attend à moins de 2% en 2008. Un pronostic peu encourageant mais conforme à celui de l’ensemble de la zone euro (1,9% du PIB en 2008) et même meilleur que celui de l’Allemagne (1,8%). Toujours optimiste, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a jugé que “l’évolution très dynamique de la production industrielle en octobre constitue un élément favorable significatif pour la croissance au 4e trimestre”. Eric Heyer, directeur adjoint de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), se montre lui aussi plus serein. Il juge que la production industrielle d’octobre est en ligne avec les prévisions de son institut, qui mise toujours sur une croissance de 0,7% au 4e trimestre et sur un rythme de 2 à 2,5% pour les deux premiers trimestres 2008. “Nous avons eu des signes moroses –les grèves, l’euro fort et le pétrole, plus la crise des subprimes aux Etats-Unis– mais ce que disent les enquêtes de conjoncture avancées n’est pas si négatif”, conclut-il. |
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