Kadhafi à Paris : accords nucléaires, achat de 21 Airbus, espoir pour le Rafale et une volée de critiques

 
 
[10/12/2007 22:36:24] PARIS (AFP)

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Nicolas Sarkozy accueille Mouammar Khadafi le 10 décembre 2007 à l’Elysée à Paris (Photo : Eric Feferberg)

Mouammar Kadhafi a entamé lundi à Paris une visite de cinq jours qui déchaîne les critiques jusqu’au sein du gouvernement, et la délégation libyenne a signé des contrats sur 21 Airbus, l’achat à terme de réacteurs nucléaires, et a annoncé qu’elle envisage d’acquérir 14 Rafale.

Les deux pays ont signé un accord de coopération nucléaire, confirmant un “mémorandum” paraphé en juillet lors de la visite de M. Sarkozy à Tripoli, prévoyant à terme “la fourniture d’un ou plusieurs réacteurs nucléaires pour le dessalement de l’eau de mer”.

Tripoli a également confirmé la commande de 21 Airbus de différents types, pour un montant catalogue de près de 3,2 milliards de dollars.

La Libye envisage aussi d’acheter “14 avions Rafale, ainsi que 35 hélicoptères, six navires, des véhicules blindés, des radars de défense anti-aérienne, et la remise à niveau des Mirage F-1” vendus jadis à la Libye, pour 4,5 milliards d’euros, a annoncé à l’AFP une source informée à l’Elysée.

Ces appareils et équipements militaires figurent dans “un memorandum d’intentions” qui doit “faire l’objet d’une négociation exclusive d’ici au 1er juillet”.

L’Elysée, sans donner un décompte très précis, a assuré que la totalité des contrats tournait autour de 10 milliards d’euros, ce qui inclurait donc les ventes fermes d’Airbus et celles, encore incertaines, dans le domaine militaire.

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Nicolas Sarkozy lors de la visite de Mouammar Kadhafi à Paris, le 10 décembre 2007 à Paris (Photo : Eric Feferberg)

La vente du Rafale serait une première à l’étranger pour l’avion de combat de Dassault Aviations.

Le président français, tout en se félicitant d’accords bénéfiques pour “l’emploi et la croissance”, s’est défendu des accusations d’avoir sacrifié la diplomatie nouvelle prenant en compte les droits de l’homme qu’il vantait pendant la campagne électorale à la “diplomatie du carnet de chèques”.

Il a ainsi assuré avoir demandé au leader libyen de “progresser sur le chemin des droits de l’Homme”.

“La France reçoit un chef d’Etat qui a choisi de renoncer définitivement à la possession de l’arme nucléaire (…), de rendre les stocks (d’armes de destruction massive) de renoncer définitivement au terrorisme (…), de libérer les infirmières bulgares”, a martelé M. Sarkozy.

Il a accueilli son hôte en bas du perron de l’Elysée, devant un détachement de la Garde républicaine. Vêtu d’une toge ocre et coiffé d’une toque noire. Fidèle à son image imprévisible, le bouillant “Guide” libyen a alors levé le poing.

Le colonel Kadhafi, qui a fait dresser une tente bédouine dans les jardins de l’hôtel de Marigny, résidence des hôtes présidentiels, était arrivé d’Orly dans sa limousine blanche, entouré d’un cortège d’une centaine de véhicules.

Après leur dîner de lundi soir, un nouvel entretien entre les deux hommes est prévu mercredi.

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La secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, Rama Yade, le 24 novembre 2007 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Alors qu’une commission parlementaire enquête sur les conditions de la libération des soignants bulgares en juillet, la visite du dirigeant libyen provoque de nombreux remous, jusqu’au sein de l’exécutif. L’opposition boycottera sa venue mardi à l’Assemblée nationale, comme certains députés de la majorité.

Rama Yade, secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, a eu des mots très durs: “Notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits”.

Elle a ensuite atténué ses propos et le président lui a publiquement renouvelé sa confiance.

De son côté, l’opposition se gausse des divergences au gouvernement et tire à boulets rouges sur une visite “très choquante”, selon Ségolène Royal (PS), “indigne de la France”, pour François Bayrou (MoDem).

Cette visite marque le retour de la Libye sur la scène internationale après des années d’isolement en raison de son passé terroriste.

Tripoli avait commencé à sortir de cet isolement en 2003 après avoir renoncé à son programme d’armes de destruction massive et indemnisé les victimes des attentats de Lockerbie au-dessus de l’Ecosse (270 morts en 1988) et contre un DC-10 d’UTA au dessus du Niger (170 morts en 89).

Au lendemain de la libération des soignants bulgares, M. Sarkozy avait effectué à Tripoli une courte visite “pour aider la Libye à réintégrer le concert des nations”.

 10/12/2007 22:36:24 – © 2007 AFP