USA : la Fed baisse ses taux d’un quart de point sur fond de malaise boursier

 
 
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Le président de la Fed Ben Bernanke, à Washington, le 14 novembre 2007 (Photo : Chip Somodevilla)

[11/12/2007 20:08:12] WASHINGTON (AFP) La Réserve fédérale américaine (Fed) a baissé mardi d’un quart de point à 4,25% son taux directeur, en soulignant les incertitudes pesant sur la croissance et l’inflation dans un contexte de détérioration des conditions sur les marchés financiers.

C’est une baisse conforme aux attentes des analystes.

Mais les marchés espéraient secrètement un geste plus marqué, et la Bourse de New York a très mal pris cette nouvelle, décrochant brutalement après la publication du communiqué. L’indice Dow Jones chutait de plus de 200 points (-1,46%) vers 19H45 GMT.

“Ce n’est vraiment pas beaucoup et la Bourse s’inquiète du manque de liquidités. Je me demande ce qu’un quart de point pourra faire”, a estimé Robert McIntosh, d’Eaton Vance, pour expliquer cette réaction négative.

Fait notable, la décision n’a pas été prise à l’unanimité. L’un des gouverneurs, Eric Rosengren (le président de la Fed de Boston), aurait préféré une baisse d’un demi-point.

C’est un contraste frappant avec la précédente réunion de la Fed, où l’un des gouverneurs avait fait dissidence mais cette fois en faveur du statu quo.

Il faut dire que depuis fin octobre la situation est devenue beaucoup plus délicate à gérer.

“Les développements récents, y compris la détérioration des conditions sur les marchés financiers, ont augmenté les incertitudes entourant les perspectives de croissance et d’inflation”, a reconnu la Fed.

La Fed s’est concentrée “sur la détérioration des marchés financiers”, a noté Scott Anderson de Wells Fargo, pour qui l’attitude modérée de la banque centrale se justifie. “Une baisse de taux trop agressive ou prise dans la panique aurait risqué de faire plus de mal que de bien”, selon lui.

En prenant acte de ces incertitudes, la banque centrale a émis un jugement beaucoup moins lénifiant que lors de sa dernière réunion, fin octobre. A l’époque elle jugeait encore que les risques pesant sur la croissance équilibraient à peu près ceux concernant l’inflation.

Aujourd’hui “la croissance économique ralentit, ce qui reflète l’intensification de la correction immobilière et un certain affaiblissement des dépenses des ménages et des entreprises”, a-t-elle affirmé.

Signe de cette dégradation, les économistes sondés mardi par le Wall Street estiment désormais qu’il y a 38% de risques de récession aux Etats-Unis — ce qui est le niveau le plus élevé en plus de trois ans.

Ce qui complique encore la situation est la menace inflationniste. La banque centrale a répété que “des risques inflationnistes demeurent” avec les “prix élevés” de l’énergie et des matières premières, et réitéré sa vigilance.

La Fed a par ailleurs réduit d’un quart de point à 4,75% son taux d’escompte, qui est le taux d’urgence auquel les banques empruntent directement auprès de la Fed, mais à des conditions plus pénalisantes.

Là aussi c’est une déception sur les marchés, où beaucoup espéraient que la banque centrale ferait un geste plus marqué sur son taux d’escompte au cas où elle se limitait à une baisse d’un quart de point sur le taux directeur.

Avec cette décision, le “Fed funds” est revenu à son niveau de décembre 2005. Il n’est qu’un quart de point au dessus du taux de la Banque centrale européenne.

La banque centrale avait déjà réduit d’un quart de point son taux directeur lors de sa précédente réunion, en octobre, et d’un demi-point en septembre.

 11/12/2007 20:08:12 – © 2007 AFP