[13/12/2007 13:10:41] LONDRES (AFP) La banque britannique Northern Rock, en crise depuis qu’elle a frôlé la faillite il y a trois mois, a annoncé jeudi le départ précipité de son directeur général Adam Applegarth, alors qu’elle cherche toujours un repreneur et que le gouvernement tente de calmer les appels à une nationalisation. Après 24 ans passés au sein de la banque, le directeur général Adam Applegarth, cible de nombreuses critiques pour avoir laissé son groupe plonger dans la crise, va la quitter par la petite porte. Il était prévu qu’il parte en début d’année prochaine, le temps qu’elle trouve un repreneur. Mais Northern Rock a annoncé qu’il avait quitté ses fonctions “avec effet immédiat”. Il recevra des indemnités moins élevées que ce qu’il était en droit d’exiger, et leur paiement s’arrêtera s’il retrouve du travail. “Il est temps que je passe la main”, a déclaré sobrement M. Applegarth. Il sera remplacé par Andy Kuipers, actuel directeur des ventes et du marketing. Le président Bryan Sanderson l’a remercié dans un communiqué “au nom de tout le conseil d’administration pour avoir contribué pendant vingt-quatre ans” à la vie du groupe. Depuis qu’il avait pris la tête de Northern Rock en 2001, à 39 ans, M. Applegarth s’était attelé à parachever sa transformation d’un établissement mutualiste de crédit foncier, en une banque de détail privée spécialisée dans les prêts immobiliers. Ce changement de dimension avait démarré en 1997 avec l’abandon de son statut mutualiste et l’introduction en Bourse du groupe. Multipliant les prêts à des taux de plus en plus aggressifs, Northern Rock avait réussi à se hisser dix ans plus tard au rang de huitième banque du Royaume-Uni. Mais la crise qui a éclaté cet été sur le marché du crédit a mis fin à ce succès fragile. Les autres banques ont refusé de continuer à lui prêter de l’argent, alors que les prêts interbancaires constituaient sa principale source de financement. Le 13 septembre, Northern Rock a demandé secours à la Banque d’Angleterre (BoE), déclenchant un mouvement de panique chez ses clients, qui ont formé de longues files d’attentes devant ses agences pour retirer leurs économies. Trois mois plus tard, la banque lutte toujours pour sa survie. Sa valeur a été divisée par six à moins de 400 millions de livres, elle doit désormais la somme colossale de 25 milliards de livres à la BoE, et ses actionnaires, comme le gouvernement qui s’est porté garant de ses dépôts, s’inquiètent de l’issue des négociations pour sa reprise. Northern Rock avait désigné le mois dernier le conglomérat Virgin du milliardaire Richard Branson comme son repreneur préféré. Mais cette annonce a suscité une levée de boucliers parmi ses principaux actionnaires, des fonds d’investissement, qui craignent d’en faire les frais. Profitant de cette menace de fronde, le groupe d’investisseurs Olivant a déposé une offre rivale, mais selon plusieurs journaux, il aurait menacé de la retirer si Northern Rock ne se décidait pas rapidement. Ce dossier n’en finit plus d’empoisonner le gouvernement, que certains membres de l’opposition poussent à nationaliser Northern Rock. Jeudi, le premier ministre Gordon Brown, sans exclure cette hypothèse, a laissé entendre dans un entretien au Times que l’objectif restait de trouver un repreneur privé, et qu’une éventuelle nationalisation ne saurait être qu’une solution transitoire en vue d’un retour dans le secteur concurrentiel. |
||
|