Pour Noël, difficile d’échapper au jouet “made in China”

 
 
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Une Chinoise démontre le fonctionnement d’un jouet télécommandé, le 28 juin 2007 à Pékin (Photo : Teh Eng Koon)

[14/12/2007 10:12:14] PARIS (AFP) En pleine période des achats de Noël, les consommateurs sensibles aux questions de sécurité après les rappels de jouets chinois, n’ont en fait guère le choix entre le “made in China” et le “100% fabriqué en France”, qui reste confidentiel.

En septembre, quelques semaines après les premiers rappels de jouets dangereux frabriqués en Chine pour l’américain Mattel, les deux tiers des Français considéraient le pays de fabrication d’un jouet comme un critère important, selon un sondage TNS-Sofrès.

Mais Noël approchant, l’affaire des rappels semble bien loin. “Le comportement des clients n’a pas changé”, témoigne Franck Mathais, directeur de la communication de La Grande Récré: ils continuent de privilégier les grandes marques, très nombreuses à sous-traiter en Asie, et plus particulièrement en Chine.

“Au moment d’acheter, les gens ne font pas plus attention qu’avant”, confirme Jackie Pellieux, président des magasins JouéClub: “ils posent des questions, mais ça ne va pas plus loin”.

“Le consommateur se dit prêt à +faire du boycott+, mais c’est différent dans les faits”, relève Christian Taillard, directeur des études et de la prospective chez Smoby-Majorette, le fabricant français leader du marché européen.

En ces temps de menaces sur le pouvoir d’achat, “le +made in China+ se vend, du moment que le produit est à la mode et offre un bon rapport qualité-prix”, dit-il.

De toutes façons, le consommateur n’a pas vraiment le choix: “plus de 80% des jouets vendus en France sont fabriqués en Chine”, explique Jackie Pellieux.

Ainsi, rien qu’en novembre, sept jouets “made in China” se classaient dans les dix jouets les plus vendus, note M. Taillard.

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Des jouets exposés dans une rue de Kuala Lumpur, le 1er novembre 2007 (Photo : Tengku Bahar)

Même chez Smoby-Majorette, qui emploie toujours 1.300 salariés en France – mais s’achemine vers un plan social après sa mise en redressement judiciaire -, on chasse les coûts en produisant en Asie: 40% des jouets du catalogue Smoby-Majorette/Solido/Berchet/Ecoiffier sont estampillés “made in China”.

Le choix est aussi limité par le fait que les distributeurs avaient bouclé leurs commandes pour Noël dès juillet, soit juste avant les premiers rappels du géant Mattel en août. Les jouets “chinois” ont donc conservé une large place dans les catalogues.

Dans ce contexte, difficile de dénicher du “made in France” dans les rayons. Chez JouéClub comme à La Grande Récré, sa part ne dépasse pas 5% de la totalité des produits commercialisés, selon les responsables interrogés.

L’affaire des rappels inversera-t-elle la tendance? Non, estime Christian Taillard. “Ces rappels sont plutôt une tache sur le marché du jouet, mais une tache qui sera très vite oubliée”.

Pour autant, chez Jeujura, fabricant de jeux de construction en bois “100% français”, on se veut optimiste. “On sent un autre regard du consommateur vis-à-vis du produit fabriqué en France”, assure Catherine Varacca, PDG de la société familiale basée à Saint-Germain-en-Montagne (Jura).

“Pour la première fois, de nombreux consommateurs nous appellent pour s’assurer que nos jouets sont vraiment fabriqués en France”, dit-elle. “On sent cela aussi chez les distributeurs”, ajoute la patronne d’un des premiers fabricants français, avec toutefois un chiffre d’affaires annuel qui ne dépasse pas les 6 millions d’euros.

 14/12/2007 10:12:14 – © 2007 AFP