Nouvelles turbulences en vue pour Alitalia dans le flou sur son repreneur

 
 
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Vue à bord d’un avion d’Alitalia reliant Milan à Rome, le 6 décembre 2007 (Photo : Damien Meyer)

[15/12/2007 07:36:39] MILAN (AFP) Alitalia se prépare à une semaine de fortes turbulences en raison des menaces des syndicats de perturber la période des fêtes et de son président Maurizio Prato de démissionner si le gouvernement italien ne se décide pas rapidement sur le choix d’un repreneur.

En avouant son incapacité à trancher, le gouvernement de Romano Prodi a mis la compagnie aérienne à l’épreuve et déclenché la colère des syndicats qui ont exigé vendredi d’être informés des projets précis des deux repreneurs, le franco-néerlandais Air France-KLM et l’italien Air One, sous peine d’un mouvement de protestation pendant les fêtes.

“Si le gouvernement désigne le repreneur d’Alitalia sans nous communiquer préalablement le contenu des plans industriels, la réaction sera dure, même très dure, dans la forme, la durée et sans préavis”, a averti le secrétaire national du syndicat Filt-Cgil Mauro Rossi, lors d’une conférence de presse.

Les syndicats, qui ont rencontré le patron d’Air One mais pas celui d’Air France-KLM, craignent de nombreuses suppressions d’emplois. La vente d’Alitalia “est une procédure occulte”, a accusé le secrétaire national de la Fit-Cisl, Claudio Genovesi.

Les syndicats ont annoncé qu’ils occuperaient à partir de lundi les abords du siège de la présidence du Conseil (gouvernement) à Rome, pour obtenir un entretien avec Romano Prodi.

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Le président d’Alitalia Maurizio Prato, à Rome le 25 septembre 2007 (Photo : Andreas Solaro)

Le chef du gouvernement doit aussi faire face au risque de départ de Maurizio Prato de la présidence du transporteur, qui serait lassé, selon Il Sole 24 Ore, des interférences politiques dans la procédure.

Arrivé début août pour conduire la vente d’Alitalia, M. Prato, un proche de M. Prodi, a pris partie en faveur de l’offre d’Air France-KLM en soulignant qu’elle reprenait “le plan de survie” qu’il avait élaboré.

Selon Il Sole 24 Ore, le conseil d’administration était prêt jeudi à donner son feu vert à Air France-KLM mais a dû y renoncer, le gouvernement ayant échoué la veille à se mettre d’accord.

Alitalia a aussi traversé des turbulences à la Bourse de Milan, finissant sur un plongeon de 13% à 0,75 euro. Selon des informations de presse, Air France ne proposerait que 0,35 euro par titre et Air One seulement 1 centime par titre.

Un nouveau conseil est prévu mardi mais sans certitude d’aboutir puisque Romano Prodi a indiqué depuis qu'”aucune date-limite légale” n’était prévue pour la vente.

Le chef du gouvernement cherche à trouver un acquéreur solide sans mécontenter une large partie du monde politique et syndical qui refuse de voir passer la compagnie nationale entre les mains d’un groupe étranger.

M. Prodi est donné comme étant plutôt favorable à Air France-KLM, tout comme le ministre de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa qui serait, selon le quotidien La Repubblica, “préoccupé” par l’ensablement de la vente.

En face, les patrons des trois grandes fédérations syndicales et le président du patronat, Luca Cordero di Montezemolo, ont pris partie pour Air One et ont trouvé comme appui au sein du gouvernement les ministres des Affaires étrangères Massimo D’Alema et des Transports Alessandro Bianchi.

Le vice-Premier ministre, en charge du Tourisme, Francesco Rutelli, a longtemps milité pour une solution italienne mais a fait une ouverture vendredi en déclarant que ce qui compte “n’est pas la nationalité du repreneur” mais “le projet”.

“Il s’agit de savoir si les projets en lice sont capables de résoudre les problèmes d’Alitalia et la transformer en opportunité stratégique pour le pays plutôt qu’en facteur de crise”, a-t-il dit.

 15/12/2007 07:36:39 – © 2007 AFP