[16/12/2007 10:00:15] LYON (AFP) Le transport de marchandises par la route, qui devrait doubler en Europe d’ici 2030 malgré toutes les politiques de soutien aux modes de transport alternatifs, doit devenir plus efficace s’il veut faire face aux défis écologiques des décennies à venir. Le transport routier devrait croître de 100% entre 2000 et 2030 dans les quinze plus anciens pays membres de l’Union européenne, contre 30% pour le rail, et de 170% pour les nouveaux pays membres, contre 10% pour le rail, selon des projections de la société de conseil Global Insight. “Les biens transportés sont de plus en plus souvent de la nourriture, des boissons, ou du tabac, qui ne peuvent pas supporter les délais de livraison du rail ou du maritime”, explique Richard Walles, analyste chez Global Insight. Ni l’augmentation des prix du pétrole, ni les politiques favorisant le transport par rail ou par eau, ne devraient affecter à long terme la croissance du transport par route, selon les experts réunis au Truck and Bus forum, premier rassemblement international des constructeurs de camions et bus qui s’est tenu jeudi et vendredi à Lyon. Pour limiter le coût écologique de cette explosion, le transport routier doit mieux s’organiser afin de réduire le nombre de véhicules sur la route et les nuisances que ceux-ci entraînent. “Le problème à long terme n’est pas le pétrole: le recours aux énergies alternatives sera sûrement effectif d’ici 30 ans, avec des camions roulant à l’hydrogène par exemple”, souligne Jean-François Poupinel, organisateur de congrès sur les systèmes de transport intelligents. “Le véritable défi écologique, c’est l’encombrement: il faut accompagner la croissance du transport routier avec des infrastructures intelligentes et des technologies adaptées pour en limiter ses conséquences”, selon lui. Le transport routier devient de moins en moins efficace au fur et à mesure qu’il augmente et que les équipements arrivent à saturation. “Pour un trajet en camion qui prenait trois jours en 1970, il faut près de six jours actuellement”, souligne M. Walles. “Il faut donc deux fois plus de camions, de place et d’énergie pour transporter la même quantité de marchandises”, souligne-t-il. Des solutions sont déjà en cours d’expérimentation, telles que des “trains” de camions: une dizaine de véhicules reliés entre eux par des technologies sans fil, qui roulent en file indienne à quelques mètres de distance, avec un seul conducteur actif en tête de cortège. Ils permettent un gain de place important et peuvent utiliser les routes existantes. Les technologies de vision nocturne et les moteurs silencieux peuvent permettre de livrer la marchandise de nuit. La mise en place de plateformes logistiques communes aux entreprises d’un même secteur sont également efficaces: à Stockholm, les entreprises du bâtiment ont ainsi réduit d’un tiers le nombre de véhicules utilisés pour livrer les matériaux sur les chantiers. L’industrie automobile milite pour la création d’autoroutes dédiées aux poids lourds, afin d’éviter les embouteillages et les restrictions de circulation des camions. “Pour que cette révolution technologique se mette en place à grande échelle, il faut que les collectivités territoriales s’impliquent car c’est à elles d’organiser le trafic”, souligne Guy Bourgeois, directeur de l’Institut national de recherche sur les transports et la sécurité (Inrets). |
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