La Tunisie sur la piste de l’uranium

La Tunisie sur la piste de l’uranium

Par Abou SARRA

Le ministre de l’Industrie, de
l’Energie et des PME, M. Afif Chelbi, a annoncé, mardi 11 décembre, devant
le sénat, à l’occasion des délibérations budgétaires pour l’exercice 2008,
«la possibilité de mener une étude sur l’extraction d’uranium à partir du
phosphate».

 

Pour mémoire, l’uranium, ce métal
gris, peut être extrait en tant que minerai seul ou en tant que co- ou
sous-produit de l’extraction d’or, du cuivre et du phosphate. La Tunisie, 3ème
producteur du monde de phosphate avec une moyenne de production de 8
millions de tonnes par an, pourrait recourir à l’uranium aux fins de réduire
sa facture pétrolière, de satisfaire les besoins en uranium de sa future
centrale nucléaire civile et d’en exporter une partie.

 

Selon un rapport publié le 1er
juin 2006, par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et
l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE),
l’uranium ne manque pas, estimant que les réserves d’uranium dépassent
largement 85 ans de consommation au rythme actuel, sans compter l’uranium
contenu dans les phosphates, qui porterait les réserves à 675 ans.

 

Plusieurs facteurs militent en
faveur du développement de l’extraction de l’uranium à partir du phosphate.
Il y a tout d’abord le prix de l’énergie : la flambée des prix des
hydrocarbures (100 dollars le baril contre 10 dollars en 2001) et de
l’uranium (40 dollars la livre en 2006 contre 10 dollars en 2003). Du coup,
l’uranium se trouve revalorisé et son extraction fort rémunératrice.

 

Vient suite la sécurité nucléaire
qui a fait beaucoup de progrès et s’est nettement améliorée. Le nucléaire a
amélioré son image auprès des opinions publiques, longtemps traumatisées par
l’accident de la centrale ukrainienne de Tchernobyl, en 1986.

 

Enfin, la mode est, aujourd’hui,
aux centrales de petite et moyenne taille, un filon que les multinationales
comptent exploiter et le mettre au service des petits pays émergents. A
l’instar du Japon, de la Chine, du Canada, d’Egypte et du Maroc, la Tunisie
a fait le choix de s’engager dans l’énergie électronucléaire à des fins
civiles.

 

Elle a programmé pour 2020 la
réalisation d’une centrale civile d’une capacité moyenne de 900 mégawatts.

 

Le groupe français Areva, numéro
un mondial du nucléaire civil, serait approché pour un package qui
comprendrait l’extraction de l’uranium du phosphate et la construction de la
centrale nucléaire tunisienne.

 

Un atout plaide en faveur du
groupe français. Il est le seul à contrôler l’ensemble de la filière
nucléaire (mines, exploitation de centrales, distribution d’électricité,
retraitement des déchets nucléaires).

 

D’ailleurs, six mois après
l’annonce (novembre 2006) par le PDG de la Société Tunisienne d’Electricité
et de Gaz (STEG), Ahmed Arfa, un conseiller de la présidente du groupe
français Areva, en l’occurrence Zéphirin Diabré, a cité la Tunisie, le
Nigeria ou le Mozambique, comme les pays africains les plus préparés pour
utiliser le nucléaire à des fins civiles, ces pays étant assez organisés et
disposant déjà d’ingénieurs de qualité.

 

C’est retenu, l’Histoire
vérifiera et confirmera le reste…