[17/12/2007 13:54:11] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne va-t-elle réussir à réformer sa viticulture en crise face à la concurrence des vins du Nouveau Monde? Les Etats membres, réunis lundi à Bruxelles pour prendre une décision, restent très divisés sur ce projet qui inquiète les producteurs. “Nous allons faire tous les efforts possibles pour arriver à un accord mais pas à n’importe quel prix”, a déclaré à la presse le ministre portugais de l’Agriculture, Jaime Silva, dont le pays préside l’UE, avant une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens. Les propositions de la Commission européenne (arrachage de vignes, libéralisation des droits de plantation, arrêt de pratiques encourageant la surproduction, simplification du marketing du vin) remontent au mois de juillet. Bruxelles entend rendre le secteur plus compétitif face aux producteurs des pays dits du “Nouveau Monde” (Australie, Afrique du Sud, Chili, Argentine, Californie…) qui ne cessent de gagner des parts de marché. Depuis des années, l’Europe souffre de surproduction chronique, d’une baisse de la consommation de vins et d’une hausse des importations. “Le coût de l’inaction est trop élevé pour pouvoir être accepté”, a mis en garde la commissaire européenne à l’Agriculture, Mariann Fischer Boel. Pour trouver une issue, la présidence portugaise a encore adouci les propositions de Bruxelles dans une offre de compromis présentée lundi aux ministres, qui devraient négocier jusqu’à mardi. La “chaptalisation”, qui consiste dans les pays peu ensoleillés à ajouter du sucre dans le vin pour augmenter le taux d’alcool, serait ainsi conservée alors que Bruxelles voulait la supprimer. Les taux d’enrichissement autorisés seraient en contrepartie réduits.
La présidence portugaise est aussi prête à maintenir pendant trois ans la distillation de crise, qui permet de transformer des stocks de vins invendus en alcool. Elle serait financée par chaque pays membre, sur des enveloppes qui doivent à l’avenir leur être alloués. La présidence propose aussi de revoir à la baisse la quantité de vignes à arracher – moyennant des aides financières – à 175.000 hectares en trois ans, contre 200.000 hectares jusqu’ici. En revanche, sur les droits de plantation, strictement réglementés aujourd’hui, la Commission reste ferme et souhaite toujours une libéralisation en 2014, avec seulement des exemptions locales. Les viticulteurs européens redoutent que cela conduise à remplacer les petits vignerons peu performants par des gros producteurs peu regardants sur la qualité, et par là à “industrialiser” la viticulture européenne aux dépens des traditions de terroir. Le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier – dont le pays est le premier producteur de vin de l’Union, devant l’Italie – a jugé “un compromis possible” mais affirmé ne “pas pouvoir donner son accord sur plusieurs points tant que la Commission n’écoute pas davantage les Etats membres”. Paris demande encore des améliorations sur la distillation de crise, les droits de plantation, la chaptalisation et l’étiquetage des vins, que Bruxelles veut simplifier sur le modèle des méthodes de marketing des producteurs du Nouveau Monde. L’Allemagne, dont les vignerons ont massivement recours à l’adjonction de sucre, reste inflexible sur ce point. “Nous ne pouvons sacrifier nos vignerons sur l’autel européen”, a-t-il dit. En plus de la réforme du vin, les ministres devront négocier en parallèle mardi la répartition des quotas de pêche 2008 dans l’UE, un autre dossier difficile. Pour protester contre la surpêche européenne, des manifestants de Greenpeace ont temporairement bloqué lundi matin l’entrée du Conseil européen, où se réunissent les ministres. |
||||
|