La Fed teste une méthode inédite pour tenter de juguler la crise du crédit

 
 
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Le siège de la Federal Reserve, à Washington (Photo : Karen Bleier)

[17/12/2007 17:15:00] WASHINGTON (AFP) Soucieuse de desserrer le garrot qui étrangle l’économie américaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) a testé lundi une méthode inédite d’attribution des liquidités aux banques, mais les marchés n’ont pas manifesté beaucoup d’enthousiasme.

La Fed a mis aux enchères 20 milliards de dollars de liquidités, pour apporter aux banques les fonds dont elles ont cruellement besoin en cette fin d’année, mais qu’elles peinent à emprunter à cause de la méfiance généralisée qui règne sur les marchés depuis le début de la crise, cet été.

Les résultats de cette adjudication, lancée à 15H00 GMT, ne devraient pas être connus avant mercredi matin. Une autre enchère, d’un montant similaire, aura lieu jeudi, et deux autres sont prévues en janvier pour un montant encore à décider.

Ces adjudications s’inscrivent dans le cadre d’une action concertée des grandes banques centrales, d’une ampleur inédite depuis le 11 septembre 2001. La Banque centrale européenne (BCE) et la Banque nationale suisse (BNS) ont elles aussi procédé à des enchères en dollars ce lundi, utilisant des liquidités prêtées par la Fed.

Mais les marchés sont pour le moment restés moroses. La Bourse de New York a ouvert en baisse lundi, le marché se montrant sceptique sur les capacités de la Fed à redynamiser le secteur du crédit: le Dow Jones cédait 0,38%, tandis que le Nasdaq perdait 0,75% vers 15H40 GMT.

“Le marché s’inquiète de voir comment cela va marcher, si cela va permettre de relancer le crédit”, a expliqué Peter Cardillo, analyste d’Avalon Partners.

Les analystes expliquent cette méfiance par l’ampleur de la tâche, qui fait apparaître l’action de la Fed bien insuffisante.

Ces adjudications “sont un outil supplémentaire bienvenu dans l’arsenal de la Fed”, estime Jan Hatzius de Goldman Sachs.

En effet, elles devraient permettre aux banques d’emprunter à des conditions plus souples, en terme de garanties exigées. En ce sens, elles se rapprochent de la “fenêtre d’escompte” qui est le guichet à travers lequel la Fed prête – à un taux certes pénalisant mais de façon moins regardante – aux banques en cas d’urgence. La Fed espère ainsi éliminer le stigmate associé à cet outil.

Mais “ce n’est pas la panacée”, ajoute M. Hatzius.

“Le montant total qui sera apporté d’ici la fin de l’année semble relativement limité”, ajoute l’économiste. De plus, ces enchères “n’éliminent pas les inquiétudes sur un manque de fonds propres des institutions financières et elles ne changent rien au fait que l’économie semble décliner rapidement”, selon M. Hatzius.

L’économie américaine en effet est en plein ralentissement. Au point que l’ancien président de la Fed, Alan Greenspan, vient d’avertir qu’il y avait une chance sur deux d’aboutir à une récession.

Et face à tous ces problèmes, ce que veulent les marchés est simple: des baisses drastiques du taux directeur de la banque centrale. Elle l’a déjà abaissé d’un point depuis septembre, pour le ramener à 4,25%, mais cela n’a pas suffi à rassurer.

Le problème pour la Fed est que dans le même temps les tensions inflationnistes augmentent, comme l’a encore rappelé la hausse de 4,3% des prix à la consommation enregistrée en novembre (sur un an). Cela rend très difficile pour la banque centrale d’assouplir davantage sa politique.

“La Fed voudra sans doute voir des signes plus convaincants de faiblesse économique, des perturbations plus importantes sur les marchés financiers, voire les deux, avant de se rendre aux arguments d’un assouplissement monétaire”, estiment les analystes de Citigroup.

Mais tôt ou tard la banque centrale devra en arriver là. “De nouvelles baisses des taux seront sans doute nécessaires”, selon eux.

 17/12/2007 17:15:00 – © 2007 AFP