[17/12/2007 20:04:35] WASHINGTON (AFP) Si on la mesure en tenant compte du coût de la vie, la taille de l’économie chinoise est plus importante que ne le disent les statisticiens, mais pas autant qu’on pouvait le penser au vu de précédentes estimations, révèle une étude de la Banque mondiale (BM) publiée lundi. “Les méthodes antérieures, moins fiables, aboutissaient à des estimations de PIB 40% plus importantes que les résultats des nouvelles méthodes et critères de comparaison améliorés”, a indiqué la BM dans un communiqué. Les dernières statistiques exprimant le produit intérieur brut chinois (PIB) en parité de pouvoir d’achat (PPA), c’est-à-dire abstraction faite des différences de prix des biens et des services entre pays, dataient de 1993. Les chiffres publiés lundi, calculés à partir de donnée collectées en 2005, évaluent désormais à 5.333 milliards de dollars le PIB chinois, exprimé en PPA, contre 8.819 milliards dans l’ancienne estimation. La méthode traditionnelle d’évaluation, par les parités monétaires, conduit à donner une valeur deux fois moindre à l’économie chinoise, de 2.244 milliards de dollars. “Cela ne veut pas dire que leur économie a rétréci”, a pris soin de répéter Frederic Vogel, directeur du Programme international de comparaison mondiale, à l’origine de ces travaux, lors d’une rencontre avec la presse. Par les PPA, la Chine est ainsi la deuxième puissance économique mondiale, alors qu’avec le critère monétaire, elle ne devrait atteindre cette année que le troisième rang, derrière les Etats-Unis et le Japon, en détrônant l’Allemagne. La tendance est la même pour l’autre grande puissante asiatique émergente, l’Inde, a ajouté l’organisation multilatérale. Mais les statistiques chinoises sont les plus intéressantes dans la mesure où elles n’ont jamais pu être établies aussi précisément auparavant. Le système de mesure par Parité de pouvoir d’achat (PPA) permet de déterminer quelle quantité de biens et de service une devise permet d’acheter dans chacune des zones que l’on compare. Il a été vulgarisé sous l’appelation “indice Big Mac”, le célèbre en-cas américain devenant, suivant cette métaphore, la devise de référence pour comparer les niveaux de vie partout dans le monde. La volée de statistiques publiée lundi apportera de l’eau au moulin des pays pauvres et émergents qui revendiquent davantage de voix à la table des puissants, au nom du poids “réel” de leur économie. En PPA, les pays pauvres et émergents pèsent en effet 39% du PIB mondial, contre 21% en valeur de marché. Le poids des pays riches perd 17 points de pourcentage, avec ce mode de calcul, passant de 78% à 61% du PIB mondial. Les grandes puissances, en PPA, sont, dans l’ordre: les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne, l’Inde, la Grande-Bretagne et la France. Sept des douze pays les plus riches en PPA sont des pays développés (USA, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Espagne), les cinq autres sont des puissances émergentes: la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et le Mexique, a ajouté la BM. Ces conclusions sont particulièrement intéressantes dans le cadre de la réforme des deux grandes institutions financières internationales que sont la Banque mondiale et surtout le Fonds monétaire international (FMI). Lors de sa dernière assemblée générale, le FMI a en effet accepté que la réforme de ses structures de gouvernance — qui doit bénéficier aux émergents — se fasse sur la base de mesures en PPA. Les chiffres d’aujourd’hui signifient que la Chine et l’Inde ont moins à revendiquer qu’elles ne le pensaient jusqu’alors. |
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