Kadhafi fait miroiter 11,8 milliards d’euros de contrats à l’Espagne

 
 
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Le premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero serre la main de Mouammar Kadhafi à Madrid, le 17 décembre 2007 (Photo : Javier Soriano)

[17/12/2007 22:56:35] MADRID (AFP) Mouammar Kadhafi a fait miroiter lundi la “possibilité de contrats” d’un montant total estimé de 11,8 d’euros pour les groupes espagnols en Libye, a annoncé le gouvernement espagnol à l’issue d’une rencontre à Madrid entre le dirigeant libyen et José Luis Rodriguez Zapatero.

Selon un communiqué de la présidence du gouvernement espagnol publié dans la soirée, ces contrats engloberaient le secteur défense/aéronautique (2 milliards d’euros), des investissements conjoints dans l’énergie (5 milliards de dollars, environ 3,5 mds EUR) et dans les infrastructures (7 milliards d’euros).

Dans le domaine des infrastructures, le montant évoqué constituerait “un cinquième” du vaste plan de développement d’infrastructures mis en chantier par la Libye, d’un montant total “supérieur à 50 milliards de dollars”.

“Après cette visite, le gouvernement espagnol considère que s’ouvrent d’énormes perspectives pour les entreprises espagnoles en Libye”, a souligné Madrid dans son communiqué.

L’entretien entre le chef du gouvernement espagnol et le colonel Kadhafi a été “marqué d’un intérêt mutuel à développer la coopération économique, les télécommunications, le tourisme, la gestion de l’eau”, selon La Moncloa.

Les deux dirigeants ont également exprimé leur volonté de “collaborer pour une approche globale et intégrale des flux migratoires”.

Ils ont également évoqué l’idée du président français Nicolas Sarkozy de jeter les bases d’une Union méditerranéenne, y voyant “un large terrain à explorer”.

Les deux pays ont par ailleurs signé quatre accords institutionnels: accord de Promotion et Protection Réciproque des Investissements, déclaration cadre sur les Relations Politiques et de Coopération, mémorandum d’entente en matière de Défense et sur la Coopération Economique et Financière.

Juste après leur entretien, MM. Zapatero et Kadhafi ont partagé un dîner en présence des ministres espagnols de l’Economie, Pedro Solbes, et des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, et d’une quinzaine de patrons espagnols.

Etaient notamment conviés les dirigeants de Repsol (pétrole), Gas Natural (gaz, électricité), Union Fenosa (électricité), Indra (technologies), FCC (construction et services) et Sacyr Vallehermoso (BTP).

Comme prévu, et comme déjà en France la semaine dernière, la visite en Espagne de Kadhafi était plus marquée par le pétrole et les contrats que par la question de la démocratie et des droits de l’Homme.

Sur ce dernier point, Madrid s’est borné à indiquer que M. Zapatero avait exprimé à Kadhafi “l’intérêt de l’Espagne à établir un cadre global de coopération pour contribuer à un futur de paix, stabilité, démocratie, liberté, justice et prospérité (…).

Contrairement à son tumultueux passage en France, la visite du “guide” libyen n’a d’ailleurs suscité que de timides réserves dans la classe politique et les médias espagnols.

Seul le quotidien de gauche Publico s’est étonné qu’on “déroule le tapis” sous les pieds du “dictateur libyen”.

Madrid n’a pas fait pas mystère de son souhait prioritaire de consolider les positions stratégiques en Libye de son groupe pétrolier Repsol et de prendre sa part aux contrats d’infrastructures de ce pays en plein bouillonnement depuis la levée des sanctions de l’ONU en 2003.

La visite de Kadhafi y a été résolument placée sous le signe des relations normalisées avec “un pays clé du Maghreb et du panorama africain”, depuis qu’il a renoncé au terrorisme.

Le colonel Kadhafi doit quitter Madrid mardi après-midi pour Tripoli, après une nouvelle rencontre avec les entrepreneurs espagnols et un déjeuner avec le roi Juan Carlos.

 17/12/2007 22:56:35 – © 2007 AFP