Pêche : l’Union européenne se répartit des quotas de capture de plus en plus critiqués

 
 
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Le commissaire à la Pêche Joe Borg (C) lors d’un point de presse à Bruxelles le 17 octobre 2007 (Photo : John Thys)

[18/12/2007 06:59:50] BRUXELLES (AFP) Les ministres de la Pêche de l’UE se retrouvent à Bruxelles mardi pour leur traditionnel bras de fer annuel sur la répartition des plafonds de capture, un système dont l’efficacité vient toutefois d’être durement remise en cause par la Cour des comptes européenne.

L’enjeu principal pour les quotas 2008 par espèce et par pays porte sur le cabillaud, une espèce surpêchée faisant l’objet de mesures de protection depuis 2002.

La Commission européenne demande une baisse de 25% dans l’Atlantique (hors Mer du Nord) par rapport à cette année, en dépit de signes de reconstitution dans certaines zones.

La France, l’Irlande, le Royaume-Uni, la Belgique, mais aussi le Danemark, premier pêcheur de cabillaud en Europe, s’apprêtent à croiser le fer avec la Commission pour revoir en hausse les plafonds proposés. Le “marathon” pêche, qui débute mardi, devrait comme chaque année se poursuivre jusque tard dans la nuit.

Paris, en particulier, espère au moins un niveau inchangé par rapport à 2007 compte tenu de l’amélioration constatée par endroits.

Ces signes encourageants ont déjà en effet permis à la Commission de conclure un accord séparé avec la Norvège pour la mer du Nord. Il prévoit une hausse de 11% du “total autorisé de capture” (TAC) pour l’an prochain.

Mais les défenseurs de l’environnement veillent au grain. “L’Europe ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé en pêchant du cabillaud au premier signe d’amélioration. Les ministres ne devraient pas oublier ce qui s’est produit en 1997-98 lorsque les stocks ont augmenté avant d’être rapidement liquidés par la pêche, laissant l’espèce au bord de l’extinction”, avertit Carol Phua, du Fonds mondial pour la nature (WWF).

Outre les plafonds de capture, les discussions s’annoncent difficiles sur le nombre de jours autorisés de sortie en mer.

Le commissaire à la Pêche Joe Borg demande une réduction allant de 10% à 25% selon les zones. Les principaux pays concernés favorisent au contraire le statu quo.

Le thon rouge, autre espèce en danger, devrait constituer un autre motif de discorde. La pêche a été arrêtée cette année prématurément en raison d’une surpêche importante principalement de la France. L’Espagne, qui a respecté son quota, n’exclut pas de demander dès à présent une compensation.

L’atmosphère devrait être en revanche plus détendue sur l’anchois dans le golfe de Gascogne, objet d’un contentieux récurrent entre pêcheurs français et espagnols. Paris et Madrid ne devraient pas remettre en cause la suspension de la pêche -décidée en 2005- en attendant de nouveaux avis scientifiques en mai 2008.

Reste que ce marchandage annuel, et plus globalement le système tout entier de gestion commune des réserves halieutiques de l’UE, est de plus en plus dénoncé, compte tenu de la raréfaction généralisée des stocks de poissons.

La Cour des comptes européenne vient de l’éreinter, dans un rapport publié au début du mois, en parlant d'”échec”.

Elle dénonce des données de capture “ni complètes ni fiables” dans les différents pays, “des inspections à l’efficacité limitée, des systèmes de suivi des infractions et de sanction inadaptés” et une flotte de pêche trop importante par rapport aux possibilités de prise.

“Ce rapport confirme ce que nous disons depuis des années. La sur-pêche n’est pas surprenante quand on voit comment les Etats membres appliquent des règles qu’ils ont pourtant eux-mêmes votées”, dénonce Marie-Hélène Aubert, une eurodéputée écologiste, spécialiste des questions de pêche.

 18/12/2007 06:59:50 – © 2007 AFP