Pêche : les pays de l’Union européenne se disputent de maigres quotas

 
 
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Le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier, le 18 décembre 2007 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[18/12/2007 20:10:25] BRUXELLES (AFP) Les ministres européens de la Pêche ont entamé mardi leur long marchandage annuel sur la répartition de quotas de capture de poissons pour 2008, sous la pression des associations écologistes qui s’inquiètent de la raréfaction des espèces.

Les négociations de ce “marathon” traditionnel de fin d’année ne progressent que très lentement. “Il y a encore beaucoup, beaucoup de problèmes à régler”, a indiqué en début de soirée une source proche des discussions, qui ont débuté dans la matinée.

Elles sont compliquées par la tenue en parallèle de tractations par les mêmes ministres – qui pour la plupart sont aussi chargés des dossiers agricoles – sur un projet controversé de réforme du secteur viticole européen. Du coup, les pourparlers devraient durer jusque tard dans la nuit, voire reprendre mercredi.

Le principal contentieux porte sur le cabillaud, espèce également appelée morue qui fait l’objet de mesures de protection en raison d’une diminution inquiétante des stocks.

La présidence portugaise de l’UE a présenté une première offre de compromis.

Elle propose de réduire le “total autorisé de capture” (TAC) de cabillaud de 10% à 20% selon les zones dans l’Atlantique (hors mer du Nord), alors que la Commission européenne voulait à l’origine une réduction de 25%.

Il est aussi question de maintenir le nombre de jours de sortie en mer des pêcheurs à un niveau inchangé en 2008, alors que là encore le commissaire à la pêche, le Maltais Joe Borg, souhaitait une baisse de 10% à 25% selon les zones.

Plusieurs pays, à commencer par la France, soutenue par l’Irlande, la Belgique et le Royaume-Uni, jugent toutefois la réduction des plafonds de capture inacceptables en l’état. “La France veut au moins un statu quo par rapport à cette année et si possible une augmentation allant jusqu’à 10%”, a ajouté la source.

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Le commissaire européen à la Pêche, Joe Borg, le 18 décembre 2007 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

Ces pays invoquent certains avis scientifiques, comme celui de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer), qui font état de signes encourageants dans certaines zones. Ce constat a déjà permis à la Commission de conclure un accord séparé avec la Norvège sur une hausse de 11% des possibilités de prise de cabillaud en Mer du Nord.

“En Manche Est il y a du cabillaud comme jamais, donc on ne voit pas pourquoi il devrait y avoir une baisse alors qu’on augmente le quota juste à côté en Mer du Nord”, estime le président du Comité national des pêches, principale organisation syndicale des pêcheurs en France, Pierre-Georges Dachicourt.

Les pêcheurs français sont aussi très remontés contre d’autres quotas qui leur sont proposés en Mer du Nord. “On nous demande une réduction de 44% pour le merlan et le hareng et de 15% pour le maquereau, beaucoup plus que pour les autres pays, on ne peut l’accepter”, ajoute M. Dachicourt.

Tel n’est pas l’avis des défenseurs de l’environnement, qui veillent au grain et demandent une fermeture totale de la pêche, pour le cabillaud en particulier.

Lundi, les militants de Greenpeace l’ont fait spectaculairement savoir en érigeant un mur de parpaing de 2,5 mètres de hauteur devant l’entrée principale du bâtiment où sont réunis les ministres à Bruxelles.

“L’Europe ne peut se permettre de répéter les erreurs du passé en pêchant du cabillaud au premier signe d’amélioration. Les ministres ne devraient pas oublier ce qui s’est produit en 1997-98 lorsque les stocks ont augmenté avant d’être rapidement liquidés par la pêche, laissant l’espèce au bord de l’extinction”, affirme Carol Phua, du Fonds mondial pour la nature (WWF).

 18/12/2007 20:10:25 – © 2007 AFP