[19/12/2007 17:52:55] FRANCFORT (AFP) Gouvernement, industriels et syndicats allemands ont fustigé mercredi les propositions de la Commission européenne pour réduire les émissions de CO2 des voitures neuves, qui pénalisent plus lourdement les grosses berlines. “On fait là une politique industrielle au préjudice de l’Allemagne (…). Nous ne sommes pas satisfaits de ce résultat”, a déclaré la chancelière conservatrice Angela Merkel. Son porte-parole Thomas Steg a lui qualifié le projet de Bruxelles de “totalement inapproprié” et de “déséquilibré”. Il “empêche l’innovation de l’industrie automobile, menace des emplois et ne représente pas d’instrument efficace en matière de protection climatique”, a-t-il ajouté. “Nous allons défendre nos positions dans les prochains mois de façon intensive pour empêcher ces propositions” d’être adoptées, a prévenu M. Steg. La Commission a proposé mercredi de fixer des objectifs différenciés pour chaque constructeur en fonction du poids des voitures pour parvenir à une moyenne de 130 grammes de dioxyde de carbone émis par kilomètre. Ceux qui y contreviendront se verront infliger des sanctions progressives à partir de 2012, de 20 euros par gramme excédentaire à 95 euros en 2015. Ce compromis, difficilement arraché à Bruxelles, a fait l’objet d’un bras de fer entre les Français et les Italiens, connus pour leurs petites citadines, et les Allemands, spécialisés dans les grosses berlines gourmandes en carburant. A titre d’exemple, les bolides de Porsche ont une moyenne d’émissions de 282 grammes par kilomètre et BMW de 182, quand Renault et Peugeot-Citroën oscillent autour de 145 grammes. Et même si Bruxelles a déjà fait plusieurs concessions à Berlin, les Allemands s’en sont pris violemment au texte de la Commission. “Avec la proposition actuelle (…), on ne rend service ni à la protection de l’environnement ni à la raison économique”, a ainsi affirmé Matthias Wissmann, président de la fédération allemande des constructeurs. “Le projet exige des constructeurs de plus grosses voitures une baisse disproportionnée des émissions de CO2”. Le premier constructeur européen Volkswagen a lui dénoncé des “charges inacceptables”. “Il faut parvenir à un règlement équilibré, réaliste et surtout applicable dans le temps”, a-t-il précisé. Quant au spécialiste du haut-de-gamme BMW, il a estimé que les propositions européennes provoqueraient “des distorsions de concurrence” et “exonèrent de façon disproportionnée les constructeurs de petites voitures”. “Le chemin est encore long”, avant un compromis acceptable, selon un porte-parole. Seul Porsche a fait profil bas : “Nous allons examiner les propositions, nous attendons les décisions futures”, a expliqué un porte-parole. Depuis plusieurs semaines, les groupes allemands multiplient les avertissements en direction de Bruxelles, menaçant de délocaliser une partie de leur production et de supprimer plusieurs dizaines de milliers d’emplois rien qu’en Allemagne. Rien d’étonnant alors à ce que le premier syndicat européen, l’allemand IG Metall, ait lui aussi dénoncé des propositions “ratées”. L’objectif de réduction de CO2 “doit être instauré de façon neutre pour la concurrence et être techniquement réalisable”, a déclaré Berthold Huber, son président. “Et cela, la Commission ne l’a pas pris en compte”, a-t-il ajouté. Le projet présenté mercredi par la Commission n’est que le début du processus législatif. Il devra ensuite être adopté en commun accord avec le Parlement européen et les ministres des 27 pays membres. |
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