Airbus : EADS choisit trois repreneurs nationaux pour ses six sites à vendre

 
 
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Entrée de l’usine Airbus à Méaulte, le 23 octobre 2007 (Photo : Denis Charlet)

[19/12/2007 18:02:11] PARIS (AFP) Le groupe européen de défense et d’aéronautique EADS et sa filiale Airbus ont sélectionné mercredi, avec six mois de retard sur le calendrier initial, les repreneurs de six de leurs sites, en France, en Allemagne et en Angleterre, optant à chaque fois pour une entreprise nationale.

L’équipementier américain Spirit AeroSystems, racheté il y a deux ans par le fonds d’investissements canadien Onex à Boeing, grand rival d’Airbus, et dont le nom revenait régulièrement comme acquéreur potentiel, est reparti les mains vides.

“C’est une bonne nouvelle”, a estimé la ministre française de l’Economie, Christine Lagarde. Cela “va dans le bon sens”, a jugé le coordinateur du gouvernement allemand pour l’aéronautique Peter Hintze.

Pour le syndicat français des cadres, la CFE-CGC, c’est “une grande étape”, mais le premier syndicat d’Airbus, FO, qualifie la cession de “grosse déception” et demande des “garanties industrielles”.

Le français Latécoère, l’allemand MT Aerospace et l’anglais GKN sont choisis comme “partenaires préférentiels” avec lesquels EADS et Airbus vont “entamer les négociations”. “Les transactions devraient être finalisées au cours de l’été 2008”, ajoute le groupe européen.

Employeurs de 9.400 salariés du groupe, ces six sites spécialisés dans les aérostructures –fuselage, nez, aile, empennage des avions– sont Méaulte (nord) et Saint-Nazaire-ville (ouest) en France, Filton (sud) en Grande-Bretagne et Varel (nord), Nordenham (nord) et Augsbourg (sud) en Allemagne. Concernant le site allemand d’Airbus à Laupheim (sud), chargé des aménagements intérieurs, également en quête d’acheteur, les négociations continuent, a précisé Airbus.

Pour l’usine anglaise, “l’accord porte sur une cession complète” à GKN. Dans le cas des deux établissements français et des trois allemands, “l’accord avec Latécoère et MT Aerospace prendra la forme de joint ventures (sociétés communes) au sein desquelles Airbus conservera une participation minoritaire substantielle”. Airbus se réserve toutefois la possibilité de se retirer totalement du capital au bout de trois ans.

Chez Latécoère, on compte détenir 60% de la société commune dans un premier temps et on assure “que les emplois seront développés”.

La décision de céder ces sites s’inscrit dans le plan de restructuration et d’économies d’Airbus Power8, décidé face aux retards de livraison de l’avion géant A380 et au coût du futur long-courrier A350 XWB, dont la mise en service est prévue pour 2013.

“Elle permet à EADS de se recentrer sur son coeur de métier (…) de réduire ses besoins financiers dans une période tendue caractérisée par des programmes coûteux, la faiblesse du dollar et l’incertitude économique”, a déclaré le Français Louis Gallois, président exécutif d’EADS.

Et le patron d’Airbus, l’Allemand Thomas Enders d’ajouter: “nous pouvons désormais commencer à sceller des partenariats durables avec trois fournisseurs de premier rang pour l’A350 XWB, lesquels partageront la charge de travail, les investissements, les risques et les futurs profits avec nous”.

Pour faire face aux coûts élevés de développement –aux alentours de 10 milliards d’euros– de ce nouvel avion de 270 à 350 sièges, Airbus compte en effet faire supporter la charge de la moitié des investissements à ses sous-traitants.

Parmi les enjeux majeurs des négociations à venir entre Airbus et ses partenaires, la devise de facturation des pièces fabriquées sur les sites. Vendant ses appareils en monnaie américaine, conformément à la tradition du secteur, l’avionneur européen qui produit en majeure partie en zone euro, a laissé entendre qu’il pourrait exiger de ses fournisseurs de les payer en dollars.

 19/12/2007 18:02:11 – © 2007 AFP