La BCE inonde les banques de liquidités puis éponge, pour assainir le marché

 
 
CPS.HUF93.191207171619.photo00.quicklook.default-245x168.jpg
Le siège de la Banque centrale européenne à Francfort, le 6 juin 2007 (Photo : Martin Oeser)

[19/12/2007 16:18:21] FRANCFORT (AFP) Après avoir inondé le marché monétaire de liquidités pas chères, la BCE a épongé les excès mercredi, une pratique bien rodée qui vise à rassurer les banques minées par la crise du “subprime” tout en évitant de nourrir des tensions inflationnistes.

Près de 350 milliards mis à la disposition des banques mardi, plus de 133 milliards de liquidités repris mercredi: les agissements de la BCE sur les marchés monétaires fragilisés peuvent paraître, pour le néophite, contradictoires.

“Nous ne déversons pas des liquidités”, a précisé son président Jean-Claude Trichet lors de son audition régulière devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen à Bruxelles.

“Nous prêtons de l’argent sur la base des mêmes collatéraux (garanties apportées par les banques comme des obligations d’Etat)” que par le passé, et les “prêts sont remboursés”, a-t-il expliqué.

Il n’empêche, l’institution n’en reste pas moins extrêmement généreuse en proposant aux banques anxieuses de ne pas obtenir suffisamment des liquidités, des emprunts à des taux très avantageux.

Mardi, le marché monétaire de la zone euro s’était nettement détendu après l’opération de refinancement record de l’institution et les taux interbancaires –niveau auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles– ont affiché pour certains leur baisse la plus forte depuis près de six ans.

L’objectif de la manoeuvre vise à rétablir la confiance des banques qui, échaudées par la crise du “subprime” (le marché des crédits hypothécaires américains) et ne sachant pas exactement l’étendue de son impact dans les comptes des concurrentes, rechignent à se prêter de l’argent.

La nervosité des instituts financiers est décuplée par l’approche de la fin de l’année, et le bouclage des livres de comptes. Ils cherchent tous à reconstituer leurs réserves “afin de montrer à leurs actionnaires et investisseurs qu’ils ne sont pas dans une situation de risque et peuvent faire face aux conséquences de la crise du subprime”, explique Gilles Moec, économiste à la Bank of America.

“Nous ne prétendons pas guérir la situation” actuelle des marchés, a expliqué M. Trichet. Les mesures de soutien prises par la BCE visent à garder un certain contrôle sur les “taux à très court terme du marché monétaire”. Quand ils grimpent trop comme récemment, révélant une trop grande nervosité, il s’agit de les faire baisser via des prêts bon marché.

Mais quand ils baissent trop, il faut aussi y remédier, afin d’éviter le risque d’un dérapage inflationniste. Selon une source bancaire à Francfort, le taux du loyer de l’argent au jour le jour était descendu à 3,75% mardi soir, en dessous du principal taux de refinancement de la BCE, actuellement à 4%.

D’où l’offre faite aux banques mercredi de leur reprendre des excès de liquidités en les empruntant, afin de réajuster les taux interbancaires à des niveaux plus proches du taux principal. Elle opère dans ces cas-là par le biais de ces opérations “de réglage fin” sous la forme d’appel d’offres rapide sur une journée.

Si ces actions stabilisent ponctuellement le marché, elles n’ont jusqu’à présent pas eu d’effet bénéfique durable.

Les mois à venir resteront délicats. BCE et économistes espèrent que la publication des résultats des banques va apporter plus de clarté, et contribuer à ramener progressivement la confiance. Les banques doivent être plus transparentes, a redit M. Trichet, qui a affiché une prudente confiance dans un retour à la normale progressif des marchés.

Mais “ce processus en cours peut réserver des surprises”, a-t-il ajouté évoquant des risques de nouveau dérapage des marchés qui “peuvent se matérialiser à tout moment”.

 19/12/2007 16:18:21 – © 2007 AFP