Coup d’envoi d’une réforme a minima de la viticulture en Europe

 
 
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Des vendangeurs trient les raisins dans le Bordelais, le 27 septembre 2007 (Photo : Patrick Bernard)

[19/12/2007 17:39:33] BRUXELLES (AFP) L’Union européenne va réformer son secteur viticole, qui accumule les excédents et subit la concurrence des vins du Nouveau Monde, tout en adoucissant la cure prévue à l’origine sous la pression des grands pays producteurs.

Les principaux volets de ce projet adopté mercredi par les ministres européens de l’Agriculture -arrachage volontaire de 175.000 hectares de vignes sur trois années et libéralisation des droits à les planter dans dix ans au plus tard- devraient néanmoins avoir à moyen terme un énorme impact.

La commissaire européenne à l’Agriculture Mariann Fischer Boel, qui avait commencé les premières discussions de cette réforme à l’été 2006, a reconnu ne pas avoir obtenu tout ce qu’elle voulait dans ce compromis, qui devra entrer en vigueur en août 2008, tout en jugeant que le secteur allait pouvoir repartir de l’avant.

“Au cours des dix dernières années, nous avons enregistré une augmentation des importations et une diminution de la consommation européenne. Il fallait se débarrasser de certains instruments de marché” qui ne servent qu’à financer les excédents, “pour libérer des ressources pour la promotion”, a-t-elle souligné.

Mme Boel s’est montrée particulièrement ravie de la simplification des étiquettes des vins de table dépourvus d’indication géographique. A la manière des vins du Nouveau monde, très prisés notamment dans les pays anglo-saxons, ils porteront la mention du cépage et de l’année de récolte.

“J’espère que la réforme rendra le secteur plus dynamique”, a-t-elle souligné.

Les droits de plantation, qui sont aujourd’hui strictement réglementés, seront complètement libéralisés fin 2018. Le compromis final a permis de repousser de plusieurs années cette échéance, à la demande de la France notamment.

Les viticulteurs européens craignent que cette libéralisation conduise à remplacer les petits vignerons peu performants par des gros producteurs peu préoccupés de qualité, et de conduire à une “industrialisation” de la vigne aux dépens des traditions de terroir.

“La proposition de la Commission était trop libérale, elle voulait démanteler les droits de plantation en 2013. Je ne l’ai pas accepté”, a commenté le ministre français de l’Agriculture Michel Barnier, qui a jugé l’accord final “positif”.

“Avec ce nouveau cadre commun, on va pouvoir garder nos différences et en même temps se moderniser”, a jugé le négociateur de la France, premier producteur mondial de vin. L’Espagne, l’Italie et l’Allemagne ont aussi souscrit au compromis final après avoir adouci les points qui leur posaient problème.

L’accord prévoit l’arrachage, à titre volontaire, de vignes dans les zones sans débouchés suffisants. Au total, 175.000 hectares sont concernés sur trois ans.

Le système actuel d’aide à la distillation de crise, qui permet de transformer les stocks invendus de vin en alcool à destination de l’industrie ou des biocarburants, sera prorogé de quatre ans. Mais il ne sera pas ensuite complètement supprimé, contrairement à ce que voulait la Commission dans un souci de lutter contre la surproduction.

L’Italie et la Grèce ont aussi obtenu dans la dernière ligne droite un coup de pouce financier pour leurs aides communautaires versées pour l’enrichissement du vin au “moût”, appelées néanmoins à disparaître en l’état dans quatre ans.

L’Allemagne a négocié d’arrache-pied pour le maintien de l’enrichissement au sucre dans les pays moins ensoleillés du Nord de l’Europe, alors que Bruxelles réclamait sa suppression. Cette “chaptalisation” ne sera finalement pas inscrite sur les étiquettes des vins, une autre demande obtenue par Berlin.

 19/12/2007 17:39:33 – © 2007 AFP