Morgan Stanley accuse lourdement le coup du “subprime”, le PDG en sursis?

 
 
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Logo de Morgan Stanley au siège de la banque le 19 décembre 2007 à New York (Photo : Stephen Chernin)

[19/12/2007 19:44:50] NEW YORK (AFP) Malmenée par la crise du “subprime”, Morgan Stanley a vu ses résultats annuels réduits de plus de moitié à cause de dépréciations colossales et a dû faire appel à un fonds chinois pour lui apporter 5 milliards de dollars d’argent frais.

La banque d’affaires américaine a présenté mercredi la facture finale des dépréciations d’actifs qu’elle a dû effectuer dans ses comptes du 4e trimestre (septembre-novembre): 9,4 milliards de dollars.

Ce montant est d’autant plus élevé que la banque avait fait le mois dernier un état des lieux de son exposition aux produits financiers adossés à de la dette – dont les crédits hypothécaires à risques (“subprime”). Elle avait alors identifié 3,7 milliards de provisions pour septembre et octobre.

Sur le seul mois de novembre, Morgan Stanley a identifié 5,7 milliards de dépréciations supplémentaires.

Au final, Morgan Stanley affiche un bénéfice net de 3,2 milliards de dollars pour son exercice 2007, après 7,4 milliards en 2006, le groupe ayant accusé 3,5 milliards de perte nette sur le seul 4e trimestre.

Ces résultats sont inférieurs aux prévisions du marché, mais ce sont d’autres éléments qui retenaient l’attention, notamment le chiffre de 1,8 milliard de dollars correspondant à l’exposition restante de la banque aux “subprime”, contre encore 10,4 milliards fin août.

Le PDG John Mack s’est aussi dit “optimiste”, en conférence téléphonique, sur “les perspectives globales des marchés financiers”.

“C’est un signal que les dépréciations liées au +subprime+ vont s’amenuiser sensiblement”, jugeait Al Goldman, analyste chez AG Edwards, y voyant une raison d’espérer que le pic de la crise soit passé.

Le jugement de M. Mack n’est pas partagé par tous. Bank of America avait ainsi estimé la semaine dernière que “les marchés financiers ont de nouveau fléchi en novembre et vont probablement rester difficiles l’an prochain”.

La communauté financière a aussi été rassurée par l’entrée surprise du fonds d’investissement chinois China Investment Corp (CIC) au capital de la banque.

CIC, fonds créé par les autorités communistes de Pékin pour gérer une partie de leurs colossales réserves de changes, va apporter 5 milliards de dollars à Morgan Stanley via l’acquisition de titres convertibles en actions ordinaires, qui lui permettront de détenir jusqu’à 9,9% du capital.

Cet investissement doit servir à renforcer les fonds propres du groupe, mis à mal par les dépréciations, a expliqué Morgan Stanley, qui a assuré que son futur actionnaire n’aura ni droit de regard dans sa gestion, ni siège d’administrateur.

L’action de la banque évoluait dans le vert à la Bourse de New York, gagnant environ 3%, mais un point restait en suspens et alimentait déjà la spéculation, celle d’un départ du PDG John Mack, qui pourrait porter le chapeau pour ces mauvais résultats.

“Ce sont de lourdes dépréciations qui ont causé le départ des PDG de Merrill Lynch et de Citigroup. Peut-être que Morgan Stanley va suivre un même scénario”, fait remarquer Peter Cardillo, analyste d’Avalon Partners.

Après des résultats catastrophiques au troisième trimestre chez ces deux banques, Stan O’Neal, patron de Merrill Lynch, et Charles Prince, PDG de Citigroup, ont été limogés.

Mercredi, Morgan Stanley n’a pas évoqué la possibilité d’un départ de John Mack, un grand nom de Wall Street à la réputation jusqu’ici sans tache.

M. Mack a tout au plus indiqué qu’il refusait de percevoir son bonus de fin d’année, se disant “partisan de la rémunération selon les performances”.

Il s’en est aussi remis aux remaniements de l’organigramme annoncés le mois dernier, assurant que la banque avait fait “les changements nécessaires”.

Les dépréciations liées aux “subprimes” “sont des pertes isolées rattachées à une petite équipe”, a martelé le PDG.

Mais l’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a exprimé “des “inquiétudes croissantes quant à l’orientation stratégique de la banque et son appétit pour le risque”, au vu du montant des dépréciations “pire qu’anticipé”.

 19/12/2007 19:44:50 – © 2007 AFP