[19/12/2007 18:05:15] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a proposé mercredi d’infliger des pénalités aux constructeurs automobiles n’atteignant pas leurs objectifs de réduction d’émissions de CO2, une proposition dénoncée par l’Allemagne qui la juge hostile à ses constructeurs haut-de-gamme. “Cette proposition est environnementalement crédible, socialement équilibrée et va inciter l’industrie à investir dans des technologies. Cela montre notre engagement concret à lutter contre le changement climatique”, a souligné le commissaire à l’Environnement Stavros Dimas, tout juste revenu de la conférence de Bali. Bruxelles propose que chaque constructeur vendant des voitures en Europe, européen ou non, se voit assigné un objectif pour arriver à une moyenne globale de 130g de CO2 émis au kilomètre sur l’ensemble du parc automobile neuf vendu en Europe en 2012 (contre 160 g actuellement). S’il n’atteint pas son objectif, le constructeur sera pénalisé à partir de 2012, à hauteur d’abord de 20 euros par gramme de C02 en trop par véhicule vendu, puis 35 euros en 2013, 60 euros en 2014 et 95 euros en 2015. La Commission a jugé ces pénalités nécessaires vu l’échec des engagements volontaires pris jusqu’ici par les constructeurs. L’Association des constructeurs automobiles européens a cependant dénoncé leur niveau “sans précédent” et estimé les coûts “disproportionnés par rapport aux gains environnementaux”. Elle même divisée, la Commission a peiné pour concilier les intérêts des pays producteurs de petits modèles (France, Italie, Espagne, Roumanie) avec ceux des pays producteurs de grosses berlines, de 4X4 et de voitures de sport plus polluantes (Allemagne et Suède) Les constructeurs français et italien (PSA, Renault, Fiat) émettaient 144g en moyenne en 2006 contre 173g pour les allemands BMW, Volkswagen (marques Volkswagen, Audi, Skoda, Seat) et DaimlerChrysler (Mercedes), faisant dire aux premiers que c’est aux seconds de faire le plus d’efforts, d’autant que les marges sont plus élevées sur ces modèles haut de gamme. Finalement, l’objectif par constructeur dépendra du poids moyen de sa flotte, comme le souhaitait Berlin. Mais les constructeurs des véhicules les plus lourds devront faire plus d’efforts. D’après la courbe tracée par Bruxelles, PSA devra ainsi réduire ses émissions moyennes de 16g, un chiffre qui monte à 46g pour Daimler et 138g pour Porsche (qui part de 282g!). Le gouvernement allemand a jugé ces propositions “totalement inappropriées”. Il ne s’agit pas de protection de l’environnement, mais d'”une guerre de concurrence contre les constructeurs allemands”, selon son ministre de l’Environnement Sigmar Gabriel. “Je suis sûr que les constructeurs allemands ont la technologie pour fabriquer des voitures plus économes”, a répondu M. Dimas. L’industrie allemande a pourtant obtenu la possibilité pour les constructeurs de mettre en commun leurs objectifs d’émissions de CO2, une idée dénoncée par les écologistes. Plutôt que de réduire ses émissions, Daimler pourrait par exemple convaincre Fiat de partager son objectif d’émissions avec elle, moyennant des compensations commerciales, à condition cependant de respecter les règles de concurrence de l’UE. Selon la Commission, ces propositions augmenteraient en moyenne de 6% le prix d’un véhicule vendu en Europe, mais la hausse serait plus que doublement compensée par les économies en carburant. Ces propositions devront être maintenant débattues avec le Parlement européen et les ministres des 27 pays membres. La législation, qui pourrait prendre deux ans à finaliser, promet de faire l’objet de marchandages intensifs, d’autant que l’UE veut montrer l’exemple en matière de réduction d’émissions. Les émissions de CO2 du transport routier ont augmenté de 30% depuis 1990 et représentent maintenant plus du quart des émissions de l’UE, la moitié étant due aux voitures particulières. |
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