SFR va racheter Neuf Cegetel, le secteur s’attend à des grandes manoeuvres

 
 
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Le PDG de Neuf Cegetel Jacques Veyrat, le 12 septembre 2007 à Paris (Photo : Thomas Coex)

[20/12/2007 16:26:52] PARIS (AFP) Le rachat de Neuf Cegetel par SFR ouvre la voie à de nouvelles grandes manoeuvres dans les télécoms où des acteurs comme Free, Numéricable ou Bouygues Telecom devront trouver des alliances pour rester dans la cour des grands.

Le groupe Louis Dreyfus et l’opérateur de téléphonie mobile SFR ont annoncé jeudi avoir signé un “projet d’accord de cession” pour le rachat de la participation de Louis Dreyfus dans Neuf Cegetel.

Dans la foulée SFR, qui a reçu l’accord de son principal actionnaire (56%), le groupe Vivendi, lancera une OPA sur Neuf Cegetel. L’ensemble de l’opération devrait être bouclée fin 2008.

Son montant, qui s’élèverait à quelque 4,5 milliards d’euros, a reçu le soutien du britannique Vodafone, l’autre actionnaire (44%) de SFR.

Cette alliance entre SFR, deuxième opérateur mobile derrière Orange, et Neuf Cegetel, numéro deux de l’ADSL derrière France Télécom, sera à même de faire pièce à l’opérateur historique qui détient encore près de la moitié du marché français.

“L’idée est de créer le premier opérateur alternatif télécoms en France et en Europe, qui ait tous les moyens pour investir, dans le mobile mais aussi dans le fixe avec la fibre optique”, a déclaré à l’AFP Frank Esser, PDG de SFR.

Cette acquisition intervient alors que le secteur des télécoms s’apprête à investir massivement dans le très haut débit, la prochaine génération de l’internet, qui passera par la fibre optique.

En France, les investissements sont estimés à plusieurs dizaines de milliards d’euros pour les dix ans à venir.

Ce rachat répond aussi à la stratégie désormais inéluctable de convergence fixe-mobile, selon laquelle les opérateurs de télécoms doivent être présents sur tous les marchés.

En France aujourd’hui, seul France Télécom détient une position bien assise à la fois sur le mobile et l’internet.

L’opérateur historique détient près de la moitié du marché de l’internet et une part presque aussi conséquente du mobile. En 2006, son chiffre d’affaires s’est élevé à près de 52 milliards d’euros.

En face, SFR et Neuf Cegetel alignent à eux deux un chiffre d’affaires de 11,6 milliards, plus de quatre fois inférieur. Même si SFR détient le tiers du marché du mobile et Neuf Cegetel dépasse les 20% du marché de l’ADSL, la marge est encore longue pour rejoindre l’opérateur historique.

Ce rachat, attendu par le marché, a relancé les spéculations sur les prochaines cibles. Au tableau de chasse: Bouygues Telecom, le groupe Iliad, maison mère de Free, et Numéricable.

Alice, dernier petit fournisseur internet, ne peut même plus prétendre à jouer dans la même cour.

Free, dont le chiffre d’affaires 2006 a atteint 950 millions d’euros, n’est présent que sur l’ADSL. Il vise la 4e licence mobile mais demande un réaménagement des conditions financières (610 millions d’euros).

En plus de ces investissements dans un réseau mobile, Free se lance aussi dans la fibre optique. Autant d’engagements financiers auxquels Free, longtemps locomotive de l’internet en France, peut difficilement faire face seul.

Parmi ses acquéreurs potentiels, plusieurs noms circulent dont celui de l’égyptien Orascom. Une alliance avec le câblo-opérateur Numéricable a aussi été envisagée.

Bouygues Telecom, aujourd’hui sur le seul secteur de la téléphonie mobile même s’il compte se lancer prochainement sur l’ADSL, est aussi dans une position délicate. Le troisième opérateur mobile français avec près de 17% de parts de marché et un chiffre d’affaires de 4,5 milliards en 2006, fait depuis longtemps l’objet de rumeurs de cession que sa maison mère dément sans discontinuer.

Enfin, des mouvements sont en cours chez Numéricable dont l’actionnaire principal, le fonds européen Cinven, vient de vendre une partie de sa participation au fonds américain Carlyle.

 20/12/2007 16:26:52 – © 2007 AFP