[20/12/2007 12:47:26] PARIS (AFP) Le directeur du quotidien Le Monde , Eric Fottorino, qui a démissionné du directoire du groupe, a rejeté jeudi la responsabilité de la crise sur le président de la Société des rédacteurs (SRM, actionnaire de référence), dans une déclaration sur France Inter, et l’a accusé de jouer les “pompiers-pyromanes”. Les trois membres du directoire du Monde, Pierre Jeantet, Bruno Patino et Eric Fottorino, ont présenté collectivement leur démission mercredi aux actionnaires du groupe, au motif que l’attitude de la SRM les mettait dans “l’incapacité” de travailler. Le directoire reproche notamment à la SRM et à son président, Jean-Michel Dumay d’avoir transmis aux journalistes du quotidien une note dans laquelle il critiquait l’organisation et la stratégie menée pour la filiale internet du groupe, Le Monde Interactif, dirigée par M. Patino. Selon M. Fottorino, M. Dumay a déclaré qu’il “voulait +casser le joujou+ du monde.fr”, ce qui constitue à ses yeux une “grave remise en cause” de la stratégie. Estimant que la SRM montrait de la “défiance” à l’égard du directoire, M. Fottorino a jugé “impossible de gouverner un groupe dans ce contexte-là”. “Je n’accepte pas que l’actionnaire de référence se comporte de façon irresponsable en mettant sur la place publique des questions qui, certes peuvent être légitimes, mais qui dès lors qu’elles sont évoquées au grand jour ne peuvent plus être traitées de façon sereine”, a-t-il déclaré.
“Je pense que (M. Dumay) ne mesure pas bien sa responsabilité ou son irresponsabilité”, a-t-il ajouté, accusant le président de la SRM de “jouer les pompiers-pyromanes”. Il a précisé ne pas “remettre en cause la légitimité” de la SRM, soulignant qu’elle existait “depuis longtemps dans le journal” et qu’elle avait eu “d’autres présidents qui ont été des gens responsables”. “Je demande qu’elle soit responsable et qu’elle n’outrepasse pas le pouvoir qui lui est donné. La SRM est actionnaire, à ma connaissance elle n’est pas gestionnaire”, a-t-il ajouté. M. Fottorino a souligné que la démission du directoire n’était pas “un renoncement” et espéré que les deux parties trouveront “une solution pour sortir par le haut, c’est-à-dire des règles de vivre-ensemble”. Le directoire du Monde, son “exécutif”, est composé de Pierre Jeantet (président), Bruno Patino (vice-président) et Eric Fottorino (directeur du quotidien). Il a été élu en juillet, après l’éviction de Jean-Marie Colombani. Pierre Jeantet a précisé à l’AFP que la décision du directoire avait été prise “avant d’entrer au conseil lorsque nous avons appris que la SRM refusait de voter le budget du Monde Interactif et mettait en cause l’organisation et la stratégie de cette filiale”. “Soit nos actionnaires et notamment notre actionnaire de référence nous donne une vraie confiance et une vraie délégation soit il n’est pas d’accord avec les moyens que nous proposons et à ce moment là nous ne pouvons pas fonctionner”, a-t-il déclaré. De son côté, le président de la SRM, Jean-Michel Dumay, a jugé que la démission du directoire “prenait appui sur un prétexte disproportionné”, en l’occurence un “courrier interne”. Au delà, “si le fait d’avoir des désaccords en matière stratégique est perçu systématiquement comme une crise de confiance, c’est un problème. On a l’impression qu’on ne peut même pas discuter des problèmes, de ne pas être écouté”, a-t-il déploré. Les sociétés de personnels, dont fait partie la SRM et qui représentent 43% du capital, se sont pour leur part dites “surprises” et ont “regretté cette situation”, alors que le groupe est “confronté à des échéances difficiles”. Selon une source interne, “il y a très clairement un bras de fer entre la SRM et le directoire. Maintenant, la question est de savoir lequel des deux va plier”. “Pour le directoire, le mode de fonctionnement de la SRM et son mode de transmission des informations devant ses adhérents ne convient pas. Pour la SRM, il y a très clairement un souci de ne pas être, comme sous Colombani, dans une gestion opaque des choses”, a expliqué cette source. Les récentes déclarations de M. Jeantet, évoquant une recapitalisation qui pourrait faire perdre aux actionnaires salariés le contrôle sur le groupe a aussi jeté de l’huile sur le feu. Les administrateurs ne peuvent pas refuser la démission du directoire, qui, seul, peut revenir sur sa décision. Ils ont jusqu’au 4 janvier, date de la démission effective du directoire pour trouver une solution. Au-delà, un administrateur judiciaire pourrait être nommé. |
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